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Libye: visite surprise de Fayez al-Sarraj en Arabie Saoudite
Nouvelle donne dans le chaos libyen. En déplacement en Arabie Saoudite pour raison de pèlerinage, le chef du gouvernement de Tripoli reconnu par la communauté internationale, Fayez al-Sarraj, en a profité pour rencontrer les principaux dirigeants du royaume. Un rapprochement surprise avec Ryad qui soutenait plus volontiers jusque là son concurrent de l’Est, le maréchal Khalifa Haftar.
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Fayez al-Sarraj, le chef du gouvernement libyen dit d’accord national (GAN) basé à Tripoli, seul reconnu par la communauté internationale, a été reçu le 5 juin 2018 par le roi Salman d’Arabie Saoudite à La Mecque.
Un iftar organisé par le roi Salman en l'honneur de Fayez al-Sarraj
En déplacement «surprise» en Arabie Saoudite pour accomplir les rituels de la Oumra, ou le petit pèlerinage, le Premier ministre libyen a même eu droit à un iftar, dîner de rupture du jeûne du ramadan, organisé en son honneur au palais Safa par le Gardien des lieux saints, venu lui-même passer les dix derniers jours du mois sacré à La Mecque.
La veille, Fayez al-Sarraj avait rencontré à Jeddah le prince héritier Mohammed Ben Salman, le nouvel homme fort d’Arabie Saoudite, qui faisait ainsi une réapparition remarquée après une éclipse à l’origine des plus folles rumeurs, y compris de son assassinat.
A l’issue de cet entretien, le prince héritier, appelé également par ses initiales MBS, a annoncé que son pays était prêt à jouer un rôle majeur dans le soutien au projet national libyen.
«La stabilisation de la Libye aura un impact positif sur les voisins de la Libye – et sur l'ensemble de la région – et encouragera une plus grande coopération», a indiqué le bureau des médias de MBS dans un communiqué rapporté par l’agence turque Anadolu.
Fayez al-Sarraj salue le soutien saoudien au projet national libyen
De son côté, le responsable libyen a insisté sur la «relation stratégique» et les liens culturels et historiques liant les deux pays. «Notre objectif est un état civil et démocratique et cela nécessite un fort soutien régional et international», a encore ajouté al-Sarraj, saluant «les initiatives et le soutien fort de l’Arabie Saoudite à cet égard», a rapporté le site officiel du GAN.
Un rapprochement conforté le soir même lors d’une autre rencontre, toujours à Jeddah, avec le chef de la diplomatie saoudienne. Adel al-Jubeir a confirmé à Fayez al-Sarraj les dispositions du royaume à soutenir le gouvernement libyen dans tous les domaines, politique, économique et sécuritaire, en particulier dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.
Dans le collimateur de Ryad, qui souhaite désormais jouer un rôle dans «la sécurité et la stabilité» de la Libye, les Frères Musulmans. Ces derniers auraient déjà pris leur distance avec le gouvernement d’al-Sarraj contribuant à affaiblir son pouvoir reposant essentiellement sur le soutien aléatoire des tribus de Tripolitaine.
Une nouvelle donne dans le conflit libyen, car jusque-là l’Arabie Saoudite faisait partie avec les Emirats arabes unis et l’Egypte des principaux soutiens du Maréchal Haftar, l’homme fort de la Cyrénaïque, la région Est du pays.
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