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Les pays africains embarrassés par l’offensive de Trump sur Jérusalem
A défaut de soulever des manifestations de protestations ou de colère, la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël a semé le trouble sur le continent africain. Certes, le Maghreb a réagi par la voix de Mohamed VI, président du comité al-Qods, mais les Etats subsahariens n’ont pas vibré à l’unisson face à cette violation du droit international.
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Hormis quelques réactions disséminées sur les réseaux sociaux, comme cette photo venue d’Afrique du Sud sur laquelle on peut voir des personnes brandissant des cartons où l’on peut lire: «Trump ôte tes mains de Jérusalem», les capitales africains ont très peu réagi à la dernière facétie internationale du président américain.
Soutien à #Jerusalem alQods en Afrique du Sud pic.twitter.com/UjxjV3dluc
— Ida (@IdaInsoumise) December 6, 2017
L'Union africaine réaffirme son soutien à un Etat palestinien indépendant
En reconnaissant la ville trois fois sainte (pour les juifs, les chrétiens et les musulmans) comme capitale de l’Etat hébreu et en prévoyant d’y installer l’ambassade américaine, Donald Trump a soulevé un concert de condamnations et de critiques dans le monde.
Seul le continent africain, déchiré entre les choix économiques et stratégiques des différents Etats, selon qu’ils sont proches d’Israël ou des Etats du Golfe, arabes ou iranien, a eu du mal à trancher.
Dans une déclaration, qui a valeur collective de fait, le président de la commission de l’Union africaine (UA) a noté avec «une profonde préoccupation la décision du gouvernement américain… Il regrette cette décision qui ne fera qu’accroître les tensions dans la région et au-delà, et compliquer davantage la recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien.»
Dans sa déclaration, Moussa Faki Mahamat a également réitéré une position de principe: la solidarité de l’UA avec le peuple palestinien et son soutien à la quête légitime d’un Etat indépendant et souverain ayant Jérusalem-Est comme capitale.
Ne pas froisser Israël ou la puissance américaine
Toutefois, selon RFI, les chancelleries subsahariennes ne se sont pas précipitées pour commenter la décision de Donald Trump, afin de ne pas froisser Israël qui multiplie les opérations de séduction sur le continent et avec qui certains pays viennent de renouer. Mais aussi pour ménager la puissance américaine qui va financer à hauteur de 60 millions de dollars le G5 Sahel et prévoit une aide globale de 5,2 milliards de dollars à l’Afrique subsaharienne en 2018.
Au nord du continent, c’est le roi du Maroc qui, au titre de commandeur des croyants et président du comité al-Qods au sein de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), qui s’est exprimé lui aussi de manière collective.
Mohamed VI a en effet écrit au président américain au nom des 57 Etats de l’OCI, dont 30 africains, qui représentent plus d’un milliard de citoyens.
Dans cette lettre révélée par le site israélien I24, puis diffusée par l’agence de presse marocaine MAP, le roi exprimait à la première personne «sa profonde préoccupation personnelle ainsi que la grande inquiétude ressentie par les Etats et peuples arabes et musulmans».
«Vous n’êtes pas sans savoir, Excellence, l’extrême importance que revêt la ville d’al-Qods non seulement pour les parties au conflit, mais également pour les fidèles des trois religions célestes.»
Trump confronté aux organisations internationales
Ce courrier très protocolaire n’a pas empêché la Tunisie de dénoncer «une atteinte primordiale au statut juridique et historique de la ville et une violation des décisions de l’ONU». Ni l’Algérie d’en appeler, elle, «à la nation arabe, la Umma islamique et la communauté internationale, à se mobiliser pour le respect des droits nationaux des Palestiniens et du statut international de la ville sainte».
Isolé sur le plan international, Donald Trump va se trouver confronté, à l’appel de huit pays dont deux africains, le Sénégal et l’Egypte, à une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l’ONU.
Dans la foulée, la Ligue arabe qui compte 10 Etats membres africains doit se réunir le 9 décembre et l’OCI le 13 décembre 2017, pour examiner les suites à donner à l’opération main-basse sur Jérusalem, orchestrée par celui qu’Alain Juppé a qualifié de «fauteur de désordre mondial».
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