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L’affaire Karim Wade empoisonne la vie politique sénégalaise

C’est une présidentielle sous tension qui s’annonce au Sénégal après l’annonce du rejet de la candidature de Karim Wade, le fils de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade. Les dirigeants de son parti (PDS) dénoncent une décision arbitraire, destinée à écarter un adversaire politique. Ils appellent à une grande mobilisation de l’opposition le 13 juillet 2018.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Première apparition publique de Karim Wade à Dakar le 30 octobre 2008, alors qu'il s'apprête à faire campagne pour conquérir la mairie de la capitale sénégalaise. (Photo AFP/Georges Gobet)

C’est l’histoire d’un fils d’un ex-chef d’Etat promis à une brillante carrière politique, avant de se retrouver en prison puis sur le chemin de l’exil. Karim Wade a connu une ascension fulgurante pendant les années de pouvoir de son père Abdoulaye Wade qui a dirigé le Sénégal pendant 12 ans (2000-2012).

La descente aux enfers de cet ancien ministre d’Etat débute après l’arrivée au pouvoir du président Macky Sall qui a pris les rênes du pays en 2012.

Condamné à six ans de prison ferme
Accusé d’enrichissement illicite, Karim Wade est condamné en mars 2015 à une peine de six ans de prison ferme. Après 38 mois de détention, il bénéficie d’une grâce présidentielle puis s’exile au Qatar. Avec l’obligation de s’acquitter d’une amende de 138 milliards de FCFA (plus de 200 millions d’euros).

Le parti démocratique sénégalais, l’ancien parti au pouvoir créé par son père, le désigne ensuite comme son seul candidat à l’élection présidentielle de 2019. C’est dire la colère ressentie par ses partisans après l’annonce du rejet de sa candidature au scrutin prévu le 24 février prochain au Sénégal.

«Le président Macky Sall a décidé de plonger le Sénégal dans un chaos politique et une crise électorale sans précédent dans l’histoire de notre démocratie», annonce le parti démocratique sénégalais.

«Le début d’une résistance permanente»
Dans son communiqué, le PDS affirme qu’il n’acceptera pas qu’une élection soit organisée sans son candidat désigné. Ses dirigeants appellent à une grande manifestation de l’opposition le 13 juillet 2018.

«Ces manifestations doivent être le début d’une résistance permanente et ordonnée contre un système d’oppression que Macky Sall veut nous imposer pour que lui, sa famille et son clan, puissent continuer à piller les maigres ressources de notre pays», affirment les initiateurs des manifestations.

En juillet 2017, l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade avait tenu des propos similaires. Dans un entretien avec la télévision sénégalaise, il avait affirmé que son parti n’avait qu’un seul plan, le plan A. Et que Karim Wade restait son seul candidat.

«Si Macky Sall refuse qu’il se présente, il n’y aura pas d’élections et je tiens à l’avertir», avait déclaré l’ancien chef de l’Etat sénégalais.

«Certains vont à la politique pour éviter d’être soumis aux lois»
Des accusations balayées par le pouvoir sénégalais qui rappelle qu’au Sénégal le droit s’applique de la même manière à tous les citoyens. Dakar rappelle aussi que l’inscription de Karim Wade sur les listes électorales a été rejetée en raison de certaines condamnations dont il a fait l’objet. Et que, par conséquent, il ne pouvait pas se présenter à l’élection présidentielle du 24 février.

«Certains vont à la politique pour éviter d’être soumis aux lois et règlements de la République. Le fait d’être un candidat à la candidature à la présidentielle ou même un chef de parti doit-il être un critère pour se soustraire à la loi?», s’interroge le Premier ministre sénégalais Mahammed Boun Abdallah. 

Interrogé par la presse sénégalaise sur l’affaire Karim Wade, il a indiqué que 5000 autres Sénégalais étaient dans la même situation que lui. Et que leurs demandes d’inscription sur la liste électorale avaient été rejetées pour les mêmes motifs.
 

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