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La psychose s’installe au Burkina face aux attaques armées dans l’est du pays
La liste des victimes ne cesse de s’allonger dans les rangs des forces de sécurité. La dernière attaque a visé, le 5 septembre 2018, un cargo militaire de démineurs dans la localité de Kabonga, à l’est du Burkina Faso. Des attaques de plus en plus meurtrières qui suscitent la psychose. L’opposition politique et la société civile demandent des comptes au gouvernement.
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L’équipe de démineurs visée le 5 septembre dans l’est du Burkina Faso avait été déployée dans la zone pour «rechercher et neutraliser» les engins explosifs disséminés dans cette région par des présumés terroristes. Une semaine plus tôt, sept soldats y avaient trouvé la mort dans les mêmes circonstances.
Crainte d'implantation de nouvelles bases terroristes
Le directeur régional de la police décrit des individus armés en provenance de pays voisins qui sillonnent la forêt de Kabonga avec des motos de grosse cylindrée et parfois avec des véhicules 4X4.
«Ces personnes viseraient à implanter des bases aux fins d’attaques terroristes dans cette zone. Il est à craindre que si des actions de riposte vigoureuse ne sont pas mises en œuvre, les assaillants auront le temps de s’installer et de parsemer des engins explosifs autour des sites qu’ils auront occupés», écrit le commissaire Karim Drabo dans une note adressée à ses supérieurs.
Le commissaire Karim Drabo fait état d’une psychose généralisée au sein de la population et sollicite une intervention militaire aérienne pour rassurer les populations qui se terrent dans leurs maisons dès la nuit tombée.
«Les groupes armés opèrent désormais dans tout le pays»
A Ouagadougou, la capitale, le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et du peuple (MBDHP) tire la sonnette d’alarme. Il accuse le gouvernement «de n’être plus en mesure de défendre les populations» face à des attaques à répétition des groupes armés qui opèrent désormais dans tout le pays.
«Avant il y avait une focalisation sur le nord et sur le Sahel. Aujourd’hui, c’est toutes les localités du Burkina qui sont concernées par ces attaques. Les autorités sont totalement dépassées par les événements», constate le MBDHP.
Quant à l’opposition politique, elle pointe directement la responsabilité du gouvernement et appelle à une journée nationale de protestation le 29 septembre.
«Depuis 2016, notre pays fait l’objet d’attaques terroristes incessantes dont le rythme et la gravité meurtrière ne fait qu’augmenter de jour en jour. Pour nous, il est clair que la faute n’incombe pas à notre armée. Elle incombe au gouvernement. La gouvernance de ce régime pose problème», a déclaré à RFI Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition.
La population invitée à faire front commun
Critiqué de toutes parts, le pouvoir s’est refusé jusqu’à présent de répondre aux attaques dont il fait l’objet. Le ministre de la Sécurité s’est toutefois étonné de constater que les différentes attaques armées qui ont visé le pays n’ont pas été revendiquées par un quelconque groupe terroriste.
«Depuis un certain temps, on n'entend pas de revendications. Or, dans l’activité des terroristes classiques, ils s’annoncent et signent. Ce sont des attaques de plus en plus professionnelles. On se pose des questions», a déclaré Simon Compaoré.
Le ministre de la Sécurité s’est gardé d’accuser l’ancien président du Burkina Faso Blaise Compaoré, comme ce fut le cas lors des attaques perpétrées en 2017. Il a appelé la population à faire front commun et à ne pas baisser les bras face au danger qui guette le pays.
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