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L'Egypte au chevet de l'unité palestinienne, mais pas seulement...

Le gouvernement égyptien est à la manœuvre pour tenter de rapprocher les frères ennemis palestiniens. Des discussions à huis clos ont commencé le 10 octobre au Caire pour aborder les détails concrets du rapprochement entre Hamas et Fatah, après une décennie de dissensions. Pour l'Egypte, il s'agit aussi d'une question de sécurité intérieure et d'affirmer sa place dans la complexité du monde arabe.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
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Le président SIssi célébré par des habitants, à Gaza, le 3 octobre 2016, lors de la visite du Premier ministre palestinien, Rami Hamdallah. (MAJDI FATHI / NurPhoto)

Le divorce entre les deux mouvements palestiniens remonte aux élections palestiniennes de 2006. Le Hamas l’avait emporté et avait fini par imposer son pouvoir dans la bande de Gaza en 2007. Depuis, le conflit est permanent entre les deux branches palestiniennes, et notamment à Gaza, à la frontière orientale de l'Egypte.

Le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, qui a écrasé les Frères musulmans au pouvoir en 2014, réputés proches du Hamas, a décidé de s’impliquer dans le rapprochement palestinien. Et le Dailynews, quotidien égyptien anglophone, donne le ton des négociations: «Le Fatah et le Hamas sont fortement contraints de remballer leurs conflits et de respecter la vision égyptienne pour trouver une issue» à leurs divisions. Bref, écrit le journal, «l'Egypte ne s'est pas présentée cette fois comme un simple sponsor des pourparlers, ce sera le décideur politique». 

Pour le quotidien, le Hamas s’est placé sous la direction égyptienne, au point que le chef des services de renseignement égyptien assistait au denier conseil des ministres de la Bande de Gaza. Il faut dire que l’Egypte contrôle l’une des deux «frontières» du territoire gouverné par le mouvement islamique, l’autre étant celle avec Israël. Autant dire que les marges de manœuvre du Hamas dépendent grandement de l’Egypte. Et l’Egypte a aussi besoin d’une force stable dans la bande de Gaza afin de limiter les incidents «terroristes» en territoire égyptien, dans le Sïnai notamment. C'est ainsi que «le Hamas lui a livré plusieurs dizaines de militants salafistes réfugiés dans son territoire ces dernières semaines», affirme le blog Proche-Orient de Franceinfo.


Reste que les modalités pratiques ne sont pas simples à négocier entre les deux camps palestiniens, qui craignent également de voir l'Egypte décider… surtout dans le sens de ses intérêts.  

Lutte contre les Frères musulmans
Officiellement pour le président Sissi, un accord entre les Palestiniens est la condition nécessaire pour préparer «une paix juste entre les parties palestinienne et israélienne». Dans les faits, l'Egypte joue un jeu diplomatique plus important. Elle se positionne dans les tensions qui secouent le monde arabe et continue sa lutte contre les Frères musulmans. 

Pour le Midle East Eye, plutôt proche du Qatar, l’activisme égyptien pourrait peser sur l’Autorité palestinienne et sa direction. «Les Egyptiens sont poussés, dans ces efforts, par leurs propres intérêts – pas nos intérêts», a déclaré un responsable du Fatah, cité par le média. Si côté Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, on se félicite de voir le Hamas se rapprocher de l'OLP (le Premier ministre de l'OLP s'est rendu à Gaza le 2 octobre), on ne cache pas son inquiétude sur les ambitions égyptiennes.

Avec l’Egypte, d’autres forces arabes sont à la manœuvre, et notamment les Emiratis. Avec au bout de leur objectif commun, le retour possible d’un ancien cadre de l’OLP, Mohammed Dahlan, mal vu du Hamas comme de l’OLP, pour assurer l’ordre chez les Palestiniens. «Avec l’appui financier des Emirats arabes unis, l’ex-homme fort de Gaza, qui coule un exil doré à Abou Dhabi, s’est mis à arroser d’argent liquide l’enclave palestinienne. Fort du soutien du Caire, le proscrit promettait même un allégement de l’embargo, à travers la réouverture du terminal de Rafah, aux portes du Sinaï égyptien. En échange, il était question que l’ambitieux colonel revienne sur sa terre natale et prenne les commandes des affaires civiles, les islamistes se contentant de gérer la sécurité», écrivait Le Monde.


Gaza à l'Est, la Libye à l'Ouest
Dans le Proche-Orient compliqué, l'Egypte a choisi le camp des Emirats et de l'Arabie dans son combat contre les Frères musulmans. Un choix qui dicte sa politique sur sa frontière Est, dans la bande de Gaza, mais aussi sur sa frontière Ouest, en Libye, où Le Caire soutien le maréchal Haftar.

«Les Emirats ont fait de Dahlan leur sous-traitant dans la lutte contre les Frères musulmans, acquiesce un journaliste palestinien de Ramallah. Ce dernier aurait donné des informations sur les militants du Hamas présents au Caire et sur ceux qui participaient à des attaques dans le Sinaï contre l’armée égyptienne», indiquait Le Monde.

Comme quoi, dans ces négociations du Caire, l'Egypte joue aussi, voir surtout, sa carte personnelle.

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