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Kenya: un membre de la commission électorale indépendante assassiné

Une semaine avant les élections générales au Kenya, le meurtre de Chris Msando, un membre de l’IECB, la commission électorale, agite le pays. Torturé, puis tué, son corps a été retrouvé le 29 juillet 2017 dans une forêt, près de la capitale Nairobi.
Article rédigé par Charles Bonnaire
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des défenseurs des droits de l'Homme lors d'une manifestation à Nairobi après le meurtre de Chris Msando, le 1er aout 2017. (REUTERS/Baz Ratner)

 
C’est samedi 29 juillet au soir que son corps a été retrouvé près de Nairobi, dans la forêt de Kikuyu. Il ne fait aucun doute que Chris Msando a été torturé avant d’être tué et abandonné.

Il aura fallu 48h pour que son corps soit identifié, tout comme celui d’une jeune femme qui se tenait à ses côtés. Selon l’inspecteur général de la police, il s’agit de Maryanne Wairimu Ngumbu, une étudiante de 21 ans. Certains médias locaux avancent qu’elle serait en couple avec Msando. Pour autant, la nature de la relation ne peut être confirmée pour le moment.  
 
Depuis, les accusations de meurtre politique à l’encontre du président Kenyatta vont bon train. «Nous ne nous laisserons pas intimider», a déclaré le leader de l’opposition Raila Odinga. Cette déclaration aura pour effet de renforcer les suspicions à l’encontre du président, dont la réaction s’est longtemps fait attendre. Uhuru Kenyatta s’est dit finalement «profondément choqué», appelant ses opposants à ne pas se laisser aller à des «spéculation imprudentes.»

Le directeur de la commission électorale (IEBC) Wafula Chebukati pendant la manifestation de défenseurs de droits de l'homme après le meurtre de Chris Msando, le 1er aout 2017.

 
Sur place, peu souhaitent s’exprimer. Une personne contactée par Géopolis confirme simplement ses doutes: «il est probable que le gouvernement, qui veut garder le pouvoir, soit derrière ce meurtre, mais personne ne peut le prouver, avant d'ajouter, «des personnes proches du pouvoir m’ont confirmé que le gouvernement a le sentiment qu’il peut perdre ces élections, mais est prêt à tout pour gagner.»
 
Au sein de la commission électorale, Chris Msando était chargé de la mise en place du système informatique. La mort d’un responsable à ce poste clef fait craindre que les élections fassent l’objet d’une fraude massive. Le système informatique est destiné à enregistrer les données des presque 20 millions d’électeurs.
 
Depuis, la commission n'a pas décidé de reporter les élections. Dans un communiqué, elle a demandé une enquête sur la mort du collaborateur. «Ce que nous voulons, c’est la justice. La justice pour Chris (Msando). (…) La justice pour le pays», a déclaré l’IECB. 


 

Des défenseurs des droits de l’Homme ont également manifesté, mardi, leur mécontentement dans les rues de la capitale. «Le Kenya a une malheureuse histoire d’assassinats par opportunisme politique. (…) C’est une source de très, très profonde inquiétude», a confié George Kegoro, le directeur de la Commission kenyane des droits de l’homme à L’AFP. L'ONG Amnesty International a quant à elle demandé au «gouvernement de prendre des mesures concrètes pour apaiser la tension et les rassurer les électeurs que leur sécurité est la priorité.»


 
 
Depuis plusieurs semaines, le duel entre Uhuru Kenyatta et Raila Odinga déchaine les passions des militants. Avec le meurtre de Chris Msando, les fantômes du passé ressurgissent. Depuis le début de la campagne, les deux camps s’accusent mutuellement de vouloir encourager à la violence. Sur internet, des supporters du président Kenyatta publient régulièrement des vidéos anxiogènes et des fake news pour décrédibiliser le leader de l’opposition.
 
Le climat de tension dans le pays rappelle les violences post-électorales de 2007, lesquelles avaient fait 1200 morts et 600.000 morts. A l’époque, Raila Odinga était déjà candidat.
 

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