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Egypte: et maintenant, Sissi s’attaque aux réseaux sociaux
Le régime du président Abdel Fatah al-Sissi a fait passer une loi l’autorisant à bloquer les réseaux sociaux si nécessaire. Et à punir les journalistes qui diffuseraient de fausses informations (fake news).
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Selon le nouveau texte, adopté le 16 juillet 2018, les réseaux sociaux tels Twitter et Facebook, et les blogs avec plus de 5000 abonnés seront considérés comme des médias à part entière, rapporte Reuters. Conséquence: ils sont passibles de poursuites en cas de manquement à la loi.
De la même façon, les sites internet doivent désormais obtenir une licence du Conseil suprême des médias. Quant aux journalistes de télévision, ils ne pourront filmer que dans les lieux qui ne sont pas interdits, sans plus de précision.
Aux dires des autorités citées par Reuters, la nouvelle loi est destinée à sauvegarder la liberté d’expression et a été rédigée après consultation d’experts judiciaires et de journalistes.
Mais pour Amnesty International, elle permet surtout au pouvoir «de surveiller et bloquer des sites internet pour des infractions formulées de manière vague». Elle légalise ainsi «la censure de masse» et intensifie «les attaques contre la liberté d’expression en Egypte, qui est déjà l’un des pays du monde les plus oppressifs à l’égard des médias et des journalistes», poursuit l’ONG internationale des droits de l’Homme.
La presse est libre, selon le pouvoir
Les autorités égyptiennes ont déjà bloqué des centaines de sites et procédé à l’arrestation de blogueurs connus. Elles s’en sont aussi pris aux sites locaux d’organisations étrangères comme Human Rights Watch. «Le régime du président Abdel Fattah al-Siisi (maintient) sa politique de zéro tolérance vis-à-vis de ceux qui le contestent», observe HRW dans son rapport 2018. Selon l’association, il passe ainsi sous silence «les abus des forces de sécurité», la violente offensive contre les djihadistes dans le Sinaï…
«Les médias conventionnels du pays, à la fois publics et privés, apportent un large soutien au président (…). Celui-ci explique que l’Egypte a une presse libre mais demande aux journalistes d’être prudents sur ce qu’ils écrivent», rapporte le journal britannique The Telegraph.
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