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Des armes américaines pour le Nigéria

Washington s’est dit favorable à la vente d’armements –des avions A-29 en l’occurrence- au Nigéria. Les Etats-Unis, qui s’étaient montrés jusque là réticents à fournir une armée peu regardante, selon eux, sur les droits de l’homme, expliquent que ces armements appuieront les opérations contre Boko Haram et pour assurer la sécurité dans les zones pétrolifères, le golfe de Guinée notamment.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le président nigérian Mohammadu Buhari avec le chef de l'armée de l'air à Abuja, le 10 mars 2017. (SUNDAY AGHAEZE / AFP)

Washington aurait autorisé la vente de 12 avions A-29, des appareils d'attaque légers, à l'armée nigérianne. «Cette vente a été conclue lors de l'administration Obama, avant que ce dernier ne gèle l'opération lors de ses derniers jours de fonction. Un revirement de l'ex-locataire de la Maison blanche justifié par le bombardement d'un camp de réfugié proche de la frontière avec le Cameroun par un avion militaire nigérian», rappelle La Tribune . Une «bavure» qui avait fait tout de même 230 morts chez des civils fuyant Boko Haram.

 
Après un contact entre le président Trump et son homologue nigérian,  Mohammadu Buhari,  la livraison d’armes a donc été relancée par les Etats-Unis (avant de recevoir le feu vert du congrès, ce qui ne devrait être qu’une formalité). «Pour les stratèges américains, renforcer le soutien militaire du Nigeria devrait accélérer la stabilisation du plus grand marché de consommation d'Afrique. En effet, fort de 170 millions de consommateurs et stratégiquement situé au bord du Sahel, le Nigeria est également le second producteur de pétrole du continent», ajoute La Tribune.
 
Mais comme le précise le site Opex360, Washington estime que le Nigéria a besoin d’armes pour lutter contre Boko Haram, mais aussi pour «lutter contre les trafics au Nigéria et dans le golfe de Guinée».
 
Tension dans le golfe de Guinée
Il est vrai que la situation dans le Golfe de Guinée, où est concentrée l’exploitation pétrolière du pays, est pour le moins complexe. En 2016, les attaques contres les installations pétrolières ont été très nombreuses, faisant même reculer la production de brut du pays. En 2017, la situation est plus calme en raison des négociations engagées entre l'Etat et les groupes rebelles du delta qui entendent bien profiter des richesses de leur région. Cependant rien n'est encore définitivement réglé.
 
Le 30 juillet, un nouveau groupe dissident, les Croisés révolutionnaires du Delta du Niger (Niger Delta Revolutionary Crusaders) a promis de reprendre les attaques au 31 septembre. «Rien sur place ne peut témoigner de la sincérité du gouvernement», ont affirmé les Croisés à propos des promesses gouvernementales destinées à pacifier la région. Des forces militaires restent déployées dans le sud-est du Nigeria, notamment pour tenter d'enrayer l'exploitation et le trafic de pétrole frelaté: un business qui s'élève à plusieurs millions de dollars, sur lequel prospèrent les rebelles.
 
«Nous constatons une résurgence des raffineries illégales», explique à l'AFP Dolapo Oni, analyste hydrocarbure pour Ecobank à Lagos.  Fin juillet, le géant Shell a d'ailleurs fermé un de ses plus gros circuits de canalisation, l'oléoduc Trans Niger, officiellement pour «des fuites», vraisemblablement dues à des sabotages par les militants rebelles qui récupèrent ainsi directement le pétrole brut. 

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