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Décret migratoire américain: une mesure «injuste» contre le Tchad
Dans le cadre d’un nouveau décret sur l’immigration, l’administration américaine a rajouté, le 24 septembre 2017, le Tchad sur la liste des pays suspects soumis à des sanctions restrictives. Une décision qui prend de cours les alliés de ce pays en guerre contre les islamistes.
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Visé pour manque de coopération avec Washington, le Tchad se retrouve du jour au lendemain parmi les adversaires déclarés des Etats-Unis ou ceux qui menacent sa sécurité. Outre l’onde de choc à N’djamena, cette mesure est jugée «injuste» par l’Union Africaine qui rappelle «le rôle important» du Tchad dans la lutte contre le terrorisme dans le bassin du lac Tchad, le nord du Mali et dans le Sahel.
Un partenaire «décisif» pour la France
La France n’a pas compris non plus la décision américaine vis-à-vis de son principal allié contre les islamistes en Afrique subsaharienne. «Le Tchad est un partenaire décisif dans la lutte contre le terrorisme, qui s’est mobilisé dès le début à nos côtés et qui paie un lourd tribut dans ce combat», a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès Romatet-Espagne.
N’Djamena accueille notamment le quartier général de l’opération militaire Barkhane menée dans le Sahel et participe aux forces armées déployées dans la région.
A l’encontre des «intérêts américains»
Des responsables du Pentagone et du département d’Etat ainsi que des diplomates américains en poste au Tchad se sont opposés à la décision de Washington au nom des «intérêts américains», selon le New York Times. En février 2017, le Tchad a accueilli des manœuvres militaires américaines et a bénéficié d’une importante aide américaine.
Un récent rapport du département d'Etat jugeait encorageants les résulltats du pays en matière de lutte anti-terroriste.
Réelle sanction ou «incompétence»?
Officiellement, l’administration américaine reproche notamment à N’Djamena de ne pas «partager des informations liées au terrorisme». La question serait liée à la tentative d’attentat, fin novembre 2016, contre l’ambassade des Etats-Unis au Tchad. «Le fait qu’on ne dise pas tout, même à nos alliés est aujourd’hui la norme», explique à l’AFP Roland Marchal. Le chercheur au CNRS n’exclut pas que cette initiative soit «due à une pure incompétence».
Une revanche de Tillerson?
D’autres observateurs, s’interrogent sur l’influence du secrétaire d’Etat américain.
En octobre 2016, la justice tchadienne avait condamné un consortium dont une filiale d’Exxon à une amende de plus de 67 milliards de dollars avant de trouver un accord quelques mois plus tard dont la teneur n’a pas été divulguée. Rex Tillerson était alors patron de la société pétrolière ExxonMobil.
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