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Coronavirus : au Niger, les camps de migrants sont des bombes sanitaires

Les camps de transit saturés, il devient de plus en plus difficile de gérer la quarantaine des nouveaux arrivants au milieu de celle des gens présents.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une patrouille de l'armée nigérienne dans le désert près d'Iférouane, au nord d'Agadès, le 12 février 2020. (SOULEYMANE AG ANARA / AFP)

La semaine dernière, 256 personnes ont été trouvées près de Madama, à la frontière avec la Libye, après avoir été abandonnées par des passeurs, a annoncé l'armée nigérienne. Dans ce groupe, on comptait des migrants de neuf nationalités, la majorité du Nigeria (104), du Ghana (53) et du Burkina Faso (34). Les frontières sont officiellement fermées et pourtant chaque jour le Niger voit arriver des migrants en provenance des pays voisins, Nigeria, Ghana, Burkina. Tous ces gens qui doivent dès lors effectuer une quarantaine obligatoire, imposée par le gouvernement, sont regroupés dans des camps saturés. Une bombe sanitaire en pleine épidémie de coronavirus. Car il faut impérativement séparer ces nouveaux arrivants du reste du camp déjà isolé, au risque de laisser passer une personne porteuse du virus. Mais la place manque et les moyens sont limités en personnel et en matériel.

Des camps saturés

Ainsi, en collaboration avec Médecins sans Frontières (MSF) et les autorités locales, l'Organisation internationale de la migration (OIM) aide actuellement 764 migrants à Assamaka, à la frontière nigérienne avec l'Algérie, alors qu'ils achèvent leur période de quarantaine de 14 jours. Les migrants viennent de 15 pays différents, notamment du Niger (391), du Mali (140) et de la Guinée Conakry (101). Parmi eux, se trouvent de nombreuses personnes vulnérables, des enfants, des femmes enceintes et des personnes blessées.

Gérer ce camp devient de plus en plus difficile. "Ceci met à rude épreuve les ressources et les capacités limitées du gouvernement du Niger et de l'OIM", a déclaré Barbara Rijks, cheffe de mission de l'OIM au Niger. Car il faut installer des abris, fournir eau et nourriture, et prodiguer les premiers soins. Et cela alors que les frontières sont fermées et les déplacements réduits. Depuis le 28 mars, un couvre-feu de deux semaines a été instauré à Niamey, la capitale.

Un corridor sanitaire ?

Aussi, les Nations unies étudient la création d'un corridor humanitaire en accord avec les autorités des pays concernés. Il serait à double sens. D'une part, il permettrait de faciliter les déplacements du personnel des ONG intervenant dans les camps de réfugiés, ainsi que le transport des marchandises pour alimenter ces camps.

Ce corridor permettrait également le retour dans leur pays d'origine des migrants qui ont effectué leur quarantaine, mais qui sont bloqués dans des camps saturés. Rappelons qu'ils peuvent bénéficier du programme de l'aide au retour volontaire et à la réintégration, géré par l'OIM.

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