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Burundi: Pierre Nkurunziza pourrait rester au pouvoir jusqu’en… 2034

Agathon Rwasa, le principal opposant encore au Burundi, a rejeté les résultats du référendum constitutionnel jugé «non démocratique». Le scrutin, organisé le 17 mars 2018, devrait permettre au président de conforter son emprise sur le pays.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président du Burundi Pierre Nkurunziza, en décembre 2016. (Renovat Ndabashinze / Agence Anadolu)

Pierre Nkurunziza, 54 ans, dirige le Burundi depuis 2005. Cet ancien chef rebelle hutu (ethnie majoritaire) est arrivé au pouvoir suite à l’accord d’Arucha qui a mis fin à la guerre civile. Ce compromis qui a permis le retour à la paix prévoit notamment un partage équitable du pouvoir entre les principales ethnies (hutue et tutsie) et l’alternance démocratique. Mais la politique a parfois ses raisons que la raison ne connaît pas. 
 
2015: la candidature controversée
Après deux mandats successifs en 2005 puis en 2010, le président Pierre Nkurunziza refuse de céder sa place. En 2015, il annonce sa candidature à la présidentielle. Le processus démocratique est boycotté par l’opposition et la réélection du président sortant est jugée non crédible par la communauté internationale.

Son maintien au pouvoir pas vraiment constitutionnel déclenche une grave crise qui fait au moins 1200 morts et plus de 400.000 réfugiés.
 
2018: la réforme de la Constitution
Le mandat du président Nkurunziza prend fin en 2020, mais le gouvernement burundais a adopté dès 2017 un projet de révision de la Constitution. Il permettrait notamment au chef de l’Etat de briguer deux mandats de 7 ans. Le texte concentre un peu plus les pouvoirs dans les mains du président.

Le référendum ne laisse pratiquement aucune place au «non». Intimidations, chantages, menaces se sont multipliés durant la campagne et plusieurs dizaines de militants d’opposition ont été arrêtés. 

Que dit l'opposition?
Depuis la répression violente de 2015, de nombreux opposants, journalistes et membres de la société civile, ont dû fuir le pays. Le Cnared, principale plateforme de l'opposition en exil, a appelé au boycott du référendum. Pour elle, les modifications de la Constitution signent «l'arrêt de mort» de l'accord de paix d'Arusha.

Les opposants encore présents au pays, dont notamment le dirigeant des ex-rebelles du FNL, le très populaire Agathon Rwasa (hutu, comme le président), sont contre cette réforme et prônent le «non». 

«30 ans en arrière»
Le projet de révision a été critiqué par la communauté internationale, notamment l'Union africaine, qui n'a pas envoyé d'observateurs pour suivre ce scrutin. Les organisations de défense des droits de l'Homme dénoncent quant à elles «une réforme répressive»  qui concentre le pouvoir aux mains d’un seul homme et menace les équilibres ethniques.

Les obervateurs dressent un constat très négatif de la situation actuelle. «Le Burundi est retourné 30 ans en arrière, à l'époque du parti unique, sans opposition et sans contre-pouvoir», souligne une note de l'Ifri intitulée Requiem pour l'accord d'Arusha
 
 
 

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