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Au Mali, un maire veut chasser les Peuls du pays Dogon

Au Mali, les troubles ne relèvent pas seulement des attaques terroristes. Depuis des années, au centre du pays, ethnies peule et dogon s’affrontent. Des dizaines de morts, surtout depuis l'arrivée des djihadistes et de leurs armes automatiques. Le maire d'un village dogon veut même chasser les Peuls du pays.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Eleveurs dogons (AFP)

C'est un conflit rural entre éleveurs nomades et paysans sédentaires qu’on retrouve dans d’autres pays du Sahel. Ainsi, en juin 2017, dans le cercle de Koro (centre-ouest du pays), des affrontements intercommunautaires ont fait une trentaine de morts.

C'est l’assassinat d’un chasseur dogon qui a mis le feu aux poudres. «Les gens de ce village ont fait des représailles dans le village du Peul. Puis les Peuls ont à leur tour attaqué les Dogons», expliquait à RFI Issa Togo, le député de Koro.  

Avec l’arrivée des terroristes en 2012, cette rivalité séculaire s’est durcie. Les Dogons accusent les Peuls de proximité avec les terroristes. Une porosité soulignée par certains médias. Ainsi, le site Malinet évoque un règlement de compte entre les deux communautés: «Quoique conduite par des islamistes… l’expédition présente plutôt les apparences d’un règlement de compte.»

Un amalgame Peuls-islamistes tellement commun que le maire d’une petite commune a pris un arrêté ordonnant aux Peuls de quitter sa région. Etienne Poudougiou, maire de la commune de Koporona, précise qu’iIs ont deux jours pour le faire. «Toute personne qui refuse est responsable de ce qui lui arrivera», explique le maire, selon la BBC.
 
C’est peut-être la brimade de trop. Celle qui va éveiller le pays face au fossé qui se creuse entre les deux ethnies. Cette fois, à en juger par les réactions suscitées, la stigmatisation des Peuls est largement rejetée. Le maire de Koporona a été démis de ses fonctions et risque des poursuites judiciaires.  

Le gouvernement a même décidé de saisir toutes les armes en circulation dans les deux camps. Aucun permis de port d’arme ne sera désormais délivré. Mais le gouvernement malien veut aussi calmer le jeu de la désinformation. «Des poursuites judiciaires seront engagées contre tous ceux qui seraient impliqués de près ou de loin dans les actions de violence, la diffusion de messages de haine ou d’incitation à la violence.»
 

Dogons et Peuls accueillent favorablement ces mesures, considérant que le désarmement est le préalable à toute réconciliation. Mais on pointe également du doigt la responsabilité des djihadistes. Certains voudraient créer des groupes d’autodéfense communs aux deux communautés pour se protéger des terroristes.

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