Afrique : chassé-croisé de Sergueï Lavrov et Rex Tillerson sur le continent
L’annonce en avait été faite de manière très laconique, le 2 mars 2018, par la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. «Le ministre se rendra la semaine prochaine sur le continent africain», des visites sont prévues en Angola, Namibie, Mozambique, Zimbabwe et l’Ethiopie, avait indiqué Maria Zakharova à la station de radio «Dit Moscou».
L'Afrique fait désormais partie des priorités de Moscou
Aucune indication n’avait été fournie sur les objectifs d’un tel retour de la diplomatie du Kremlin sur le continent, mais il s’inscrit dans le cadre de la diversification des relations extérieures engagée par Vladimir Poutine, et l’Afrique fait désormais partie de ses priorités, comme l’explique un expert russe dans un point de vue publié par l’agence Sputnik.
Sous le titre «la Russie en Afrique : le grand retour», Mikhaïl Gamandiy-Egorov écrit, sur le site Sputnik, qu’après les relations intenses de la période soviétique, puis la perte de vitesse enregistrée après le chute de l’URSS, «l’heure est au renouveau des relations».
«Si l'espace eurasiatique, ainsi que celui du Proche-Orient, représentent indéniablement un intérêt de premier plan pour la Russie, il n'en reste pas moins que l'Afrique et l'Amérique latine font partie également des grands projets de Moscou à l'international», explique encore cet entrepreneur, grand partisan du partenariat Afrique Russie.
Des Etats riches en hydrocarbures et ressources minières
Selon lui, après le resserrement des liens d’alliance stratégique avec l’Algérie et de coopération militaro-technique et civile avec le Maroc, ainsi que la construction, dans un avenir proche, de centrales nucléaires en Afrique du sud et en Egypte, «on arrive désormais à l'étape où la présence russe s'élargira certainement à toutes les parties de l'Afrique», explique-t-il.
D’où la visite de Sergueï Lavrov dans les cinq états subsahariens mentionnés, riches en hydrocarbures ou en ressources minières (or, uranium, diamants, cuivre ou cobalt).
Un déplacement qui intervient en tout cas, peu de temps après les déclarations du chef de la diplomatie de Vladimir Poutine, le 11 février 2018, accusant Washington de tenter d’exclure la Russie de plusieurs marchés dans le monde, dont les marchés africains.
«Les sanctions prises contre notre complexe militaro-industriel sont de toute évidence une concurrence déloyale et peu scrupuleuse, parce qu'outre l'introduction de sanctions, les États-Unis courent à travers le monde et demandent aux pays d'Amérique Latine, d’Asie et d'Afrique de renoncer à l'achat de matériels militaires et d'armements russes par l'intermédiaire de leurs ambassadeurs», avait expliqué Sergueï Lavrov à la chaîne Rossiya 1.
Tout en faisant cela, «les Américains compensent le manque d’équipements correspondant dans tel ou tel pays», s’était encore insurgé le ministre russe, dénonçant «une exclusion brutale du marché par le biais de méthodes de chantage et d’ultimatums».
Une tournée de Rex Tillerson sur le continent, au même moment
La veille de l’annonce du déplacement de Sergueï Lavrov sur le continent, le département d’Etat américain en faisait autant pour son homologue, Rex Tillerson.
Le chef de la diplomatie américaine doit effectuer lui aussi, du 6 au 13 mars 2018, sa première tournée officielle africaine depuis sa prise de fonction. Un premier contact direct après la crise provoquée par l'abus de langage du président Trump sur les pays africains, qui le mènera au Tchad, à Djibouti, en Ethiopie, au Kenya et au Nigeria.
Rex Tillerson «entend discuter des moyens pour nous de travailler avec nos partenaires pour lutter contre le terrorisme, favoriser la paix et la sécurité, promouvoir la bonne gouvernance et encourager un commerce et des investissements mutuellement avantageux», précise le communiqué du département d'Etat.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.