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Ouganda : un projet de barrage dans un haut lieu touristique suscite l'indignation

Le gouvernement ougandais a déclenché un tollé en annonçant qu'il donnait son feu vert à une étude de faisabilité sur la construction d'un barrage d'une capacité de 360 mégawatts dans le parc national des Murchison Falls.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Les Murchison Falls, dans le parc national ougandais du même nom, le 14 novembre 2007. (Andrew McConnell / Robert Harding Premium via AFP)

Les chutes Murchison (Murchison Falls en anglais), dans le nord-ouest de l'Ouganda, sont à n’en pas douter un des plus beaux spectacles naturels d'Afrique. Comme les chutes Victoria (à la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe) ou les chutes du Niagara canadiennes, les Murchison Falls sont un site très prisé du tourisme international. Il est pourtant aujourd’hui menacé d'être totalement défiguré par un projet de barrage hydroélectrique. Le gouvernement semblait pourtant avoir renoncé à ce projet, face à l'opposition des groupes de défense de l'environnement, des voyagistes et des communautés locales, inquiets de l'impact tant sur cet écosystème sensible que sur le tourisme.

Le projet déplacé de quelques dizaines de mètres

Si le barrage devait initialement être posé sur Murchison, il est désormais légèrement déplacé sur les chutes Uhuru. Adjacentes, les deux cascades sont situées sur le Nil Victoria, la partie du Nil blanc s'écoulant entre les lacs Victoria au Sud et Albert, tout proche, à l'Ouest.

Un peu moins haute et impressionnante que Murchison et apparue en 1962 après des pluies diluviennes, Uhuru n'en est séparée que par une bande rocailleuse de quelques dizaines de mètres de large qui divise le cours du Nil.

Les autorités ougandaises ont péniblement tenté de se justifier : "On ne peut pas juste dire oui ou non sans une étude de faisabilité, justifie le ministre du Tourisme, Godfrey Kiwanda. Ce qui a conduit le gouvernement à revenir sur sa position qui consistait à juste dire non, c'est de considérer qu'il faut justifier notre non ou notre oui par la science", a-t-il assuré à l'AFP.

La proximité entre les deux chutes n'a rien fait pour rassurer les opposants au projet, pour qui il est impossible de toucher à l'une, sans affecter l'autre. Et le manque de références de Bonang energy chargée de l'étude, une obscure compagnie sud-africaine, a fait naître des soupçons de malversations.

Le parc national des Murchison Falls est un espace naturel protégé, doté d'une exceptionnelle biodiversité. Il abrite notamment un système de zones humides d'importance internationale classifié Ramsar (Convention relative aux zones humides d'importance internationale). C'est aussi le deuxième parc le plus visité d'Ouganda. Ce parc a déjà souffert d'un projet pétrolier mené par la compagnie française Total dans sa partie Ouest et est balafré ailleurs par de larges routes, en partie bitumées, destinées à amener les touristes au plus près des animaux et des chutes.

D'autres sources d'énergie 

Les détracteurs du projet craignent ses conséquences sur le tourisme, dans un parc qui a accueilli 75 000 visiteurs en 2016. Or, le tourisme est la principale source de devises étrangères du pays et contribue à hauteur d'environ 9% du PIB.

Quand vous touchez aux Murchison Falls et que vous les sortez de l'équation du tourisme en Ouganda, alors vous tuez l'industrie tout entière

Benedict Ntale de l'organisation ougandaise des tour-opérateurs

à l'AFP

En quelques décennies, plusieurs chutes sur le Nil ont disparu au profit de barrages, la plus récente étant Karuma Falls, à l'entrée du parc des Murchison Falls. Un autre barrage, qui deviendrait le plus grand du pays (840 MW), est aussi prévu à Ayago, à l'intérieur du parc. "Nous avons tellement perdu. Nous ne pouvons pas tout perdre", s'alarme M. Ntale. "Pourquoi est-ce qu'on n'épargne pas Murchison ? Est-ce qu'on va mettre des barrages partout sur le Nil ?"

Actuellement, seuls 26% des Ougandais sont raccordés au réseau électrique général. Le gouvernement espère porter ce chiffre à 80% en 2040. Les opposants répondent qu'il existe d'autres sites moins controversés pour des barrages et d'autres sources potentielles d'électricité, l'hydroélectricité comptant déjà pour 80% du total.

"Les technologies changent, tout s'améliore, souligne M. Ntale. Alors pourquoi ne pas regarder vers ces énergies alternatives pour produire de l'électricité, pour que nous puissions préserver les chutes ?"

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