Ouganda : chassés par le pétrole
En Ouganda, la ruée vers l'or noir pousse les villageois vers l'exil. Des milliers de personnes ont été chassées de leurs terres pour laisser la place aux grandes compagnies pétrolières, et il est rare que les expropriés soient correctement indemnisés, ou même relogés.
En Ouganda, tout le monde connait Rwamutunga et ses quelques centaines d'habitants, des irréductibles qui ont fini par gagner leur lutte. Ils ont été autorisés à revenir chez eux. Une usine de traitement de déchets pétroliers devait être construite en lieu et place de leur village. Ils en ont été expulsés en 2014, obligés de camper sur un champ, à deux kilomètres de là, sans rien, pendant deux ans et demi. Openjitto Agassa décrit des conditions de vie épouvantables, à l'origine, dit-il, de la mort de 15 villageois et de ses trois nouveau-nés. "On est très en colère que le pétrole puisse avoir de telles conséquences", confie-t-il. Rwamutunga, ou la face cachée du miracle pétrolier ougandais.
Au moins 15 000 personnes auraient été expulsées
Ce petit pays pauvre d'Afrique de l'Est, moins grand que la moitié de la France, avec 40 millions d'habitants, attise désormais les convoitises. Des réserves considérables de pétrole ont été découvertes ici, il y a dix ans, sur et autour du lac Albert. L'exploitation confiée notamment au pétrolier français Total, doit commencer dans deux ans. Pour préparer leur installation, les acteurs du pétrole ont besoin d'acquérir des terres, beaucoup de terres, avec des méthodes d'achat surprenantes. Au nom de l'intérêt national, les habitants ou les propriétaires sont sommés de céder leurs terres. La loi ougandaise indique qu'il doit y avoir une juste compensation en argent ou en nature. Au moins 15 000 personnes auraient été expulsées en Ouganda, victimes d'une bataille pour la terre, attisée par l'argent du pétrole.
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