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Nigéria : une police des mœurs pour faire respecter la Charia

Debout à l'arrière d'un pick-up, six hommes en uniforme vert patrouillent Kano, une grande ville du nord du Nigéria. Ils font partie de la police des mœurs, appelée Hisbah, à la recherche de prostituées, de travestis ou de toxicomanes. Les coupes de cheveux à l'occidentale, les jeans taille basse et le flirt sont dans le collimateur.
Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Police de la Charia, appelée Hisbah, à Bauchi au Nigéria (21 août 2007). (AFP/ Pius Utomi Ekpei)

Les patrouilles de la Hisbah sillonnent les rues de Kano à la recherche d'hommes et de femmes qu'ils jugent habillés de manière indécente ou ceux qui se comportent de façon immorale. Ainsi, une coupe de cheveux à l'occidentale est jugée à leurs yeux comme une violation de la loi islamique. Le chef de la patrouille, Adamu Haruna Bayero, explique le rôle de cette police religieuse : «Dès que nous recevons une information de la part de nos agents ou une dénonciation au sujet d'un acte immoral, nous mobilisons nos hommes pour y mettre fin. Nous arrêtons les auteurs. Ils seront poursuivis en justice ou recevront une aide psychologique.»

Les mesures répressives et les arrestations se sont accélérées ces dernières semaines à Kano. Une directive du gouvernement local appelle à nettoyer la deuxième ville du pays de pratiques jugées immorales. La police des mœurs compte 9.000 membres à Kano pour cinq millions d'habitants. Depuis sa création, il y a 13 ans, elle est considérée comme essentielle pour endiguer la prostitution et la toxicomanie. Des problèmes en plein expansion dans une région où le taux de chômage est le plus élevé du pays.

Au marché de Kano, l'action de la Hisbah est bien accueillie par la population locale. «Les jeunes portent des jeans serrés et ils les font tomber sur leurs hanches», se plaint un Nigérian. «Ils sont nombreux à copier la coupe de cheveux des footballeurs Balotelli ou Zidane».

La Hisbah affirme imposer l'ordre sans se soucier de la religion des contrevenants : «Les arrestations incluent des musulmans et des non-musulmans. Nous les traitons de la même manière parce que c'est la morale qui est en jeu», précise le porte-parole de la Hisbah, Mohammed Yusuf Yola. Les personnes arrêtées pour la première ou duexième fois reçoivent en général un suivi psychologique. Les multirécidivistes, eux, sont poursuivis en justice.

Mais la Hisbah juge que les santions prévues par la loi ne sont pas assez dissuasives.

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