"Renvoyez Ken à sa famille", supplie l'épouse d'un otage au Sahel
Kenneth Elliott, Sophie Pétronin... Ils seraient une dizaine encore détenus par des jihadistes au Mali, otages oubliés du conflit.
C'est un bref message vidéo qui vient rappeler aux yeux du monde que des Occidentaux sont toujours otages au Sahel. Il émane de Jocelyn Elliott, une Australienne enlevée avec son mari en janvier 2016 au Burkina Faso.
Rapidement relâchée, elle attend, depuis, le retour de son mari, un médecin aujourd'hui âgé de 86 ans, et demande sa libération. "Dans mon malheur et ma faiblesse, je vous supplie de renvoyer Ken (Kenneth) à sa famille lorsqu'il vous aura aidés dans ces temps difficiles et quand vous le jugerez bon", demande-t-elle en français.
Le couple s'était installé en 1972 à Djibo, une ville proche des frontières avec le Mali et le Niger. Ils y avaient construit une clinique afin de soigner les habitants de la région. C'est là que le couple a été enlevé dans la nuit du 15 au 16 janvier 2016, au moment où à Ouagadougou, des jihadistes menaient une attaque contre des hôtels et des cafés.
Détenus au Mali
Selon des médias du Burkina, le médecin serait détenu dans un camp au Mali par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM). Ses ravisseurs attendaient de lui, semble-t-il, qu'il forme des jihadistes à la médecine, une aide dont parle son épouse dans la vidéo.
Ce n'est pas la première fois que les proches du docteur Elliott envoient des messages à ses ravisseurs. Mais selon RFI, "les négociations sont au point mort et l’homme affaibli aurait commencé à perdre la vue".
En juillet 2017, le GSIM avait fait passer une vidéo montrant six otages. Le docteur Elliott, la Française Sophie Pétronin, le Sud-Africain Stephen McGown, enlevé par Al-Qaïda dans le nord du Mali en novembre 2011, le Roumain Iulian Ghergut, enlevé en avril 2015 au Burkina Faso, la missionnaire suisse Béatrice Stockly, kidnappée en janvier 2016 par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et la religieuse colombienne Gloria Cecilia Narvaez Argoti, enlevée en février 2017 au Mali.
Les humanitaires visés
Depuis, seul Stephen McGown a été libéré, peu de temps après la diffusion de la vidéo. A ce décompte sinistre, il faut ajouter quatre personnes dont l'enlèvement est avéré. L'Américain Jeffery Woodke, l’Allemand Jörg Lange, et enfin deux Italiens, le prêtre Pier Luigi Maccalli et Nicola Ciacco, sur lesquels on sait peu de choses.
La libération de deux autres otages en mars 2020, après plus d'un an de détention, a aussi soulevé beaucoup de questions. La Canadienne Edith Blais (36 ans) et son compagnon Luca Tacchetto (32 ans), retrouvés le 13 mars 2020 à Kidal (nord-est du Mali), avaient été enlevés en décembre 2018 au Burkina Faso, à 1 000 km de là. Se sont-ils échappés ? Ou bien y a-t-il eu des négociations ?
Tous ces otages, ou presque tous, ont en commun de travailler dans l'humanitaire, soit dans une ONG, soit dans une congrégation religieuse. Autre point commun, un isolement au cœur d'une région troublée, qui les a sans doute rendus plus vulnérables aux risques d'enlèvement. Ainsi la missionnaire suisse Béatrice Stockly a été kidnappée deux fois !
De moins en moins de nouvelles
Pour tous, les preuves de vie se raréfient. Ainsi, la dernière vidéo connue de Sophie Pétronin aurait été tournée en juillet 2019. Rien ne filtre également sur les négociations en cours et les raisons qui bloquent leur libération. Et les informations sur l'état de santé des otages sont souvent mauvaises.
La majorité d'entre eux est aux mains du GSIM, dont le chef, le Touareg malien Iyad Ag Ghaly, se dit prêt à accepter l'offre de négociation de Bamako. Une option rejetée par Paris pour le moment. Les otages seraient-ils un moyen de pression ? On a longtemps présenté ces prises d'otages comme étant une affaire de gros sous. La dimension politique n'est peut-être pas absente.
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