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Vidéo Niger : "La France joue son destin géostratégique" après le coup d'Etat dans le pays, pour le général Gomart, ex-directeur du renseignement militaire

Le général Christophe Gomart, ex-directeur du renseignement militaire français de 2013 à 2017, s'est exprimé sur franceinfo ce jeudi sur les conséquences du coup d'Etat au Niger pour la France.
Article rédigé par franceinfo
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Le général Christophe Gomart, ex-directeur du renseignement militaire français de 2013 à 2017, était l'invité de franceinfo le 3 août 2023. (FRANCEINFO)

"La France joue son destin géostratégique" en Afrique, notamment au Sahel, après le coup d'Etat au Niger pour le général Christophe Gomart, ex-directeur du renseignement militaire français de 2013 à 2017.

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France info : Y a-t-il eu des ratés du renseignement français selon vous ?

Général Christophe Gomart : On peut toujours accuser le renseignement français de ratés. Il y a deux types de renseignements : le renseignement de possibilité et le renseignement d'intentionnalité. La possibilité, c'est voir ce qu'un adversaire est capable de faire, comment il est équipé, quelle est sa doctrine et quels sont ses modes d'action. L'intentionnalité, c'est connaître les intentions de l'adversaire ou même les intentions de ses amis. Cela est toujours difficile.

Le Niger était vu comme un vrai partenaire, et le général déclencheur de ce putsch le fait parce qu'il a été limogé. Est-ce que la France n'a pas envisagé ce limogeage et la réaction du général Tiani, qui n'a pas accepté son limogeage en dépit de ses 63 ans ? C'est difficile de le dire. La probabilité statistique d'un coup d'Etat au Niger est permanente. Le président Bazoum a déjà évité en amont plusieurs coups d'État, d'ailleurs empêchés par le général Tiani. C'est difficile de déterminer exactement s'il va y avoir un nouveau putsch ou pas.

La DGSE avait fait une note à ce sujet, qui n'est pas remontée au chef de l'Etat : comment l'expliquer ?

Un service de renseignement produit plusieurs milliers de notes par an. Ces notes sont sélectionnées et un certain nombre d'entre elles arrivent au plus haut niveau de l'Etat. Il faut faire le tri. Est-ce que cette note n'a pas été suffisamment prise en compte ? Cela reste possible. Il y a tellement de choses à suivre.

"Le Niger est un pays sur lequel la France s'appuie au Sahel. On n'a peut-être pas pris la mesure de ce qui pouvait se passer au Niger, à la fois au niveau politique comme au niveau du renseignement."

Le général Christophe Gomart

à franceinfo

J'imagine que les services de renseignement français sont très attentifs à ce qui se passe en Afrique et au Sahel. Maintenant, connaître l'intention du coup d'Etat, c'est très difficile de déterminer si un général va lancer son putsch. Ensuite, malheureusement, on doit réagir, c'est difficile d'anticiper dans ces cas-là.

Il y a 1 500 soldats français qui sont toujours sur place au Niger. Jusqu'à quand, selon vous ?

Je pense que pour la France, c'est un vrai point de bascule. La France joue son destin géostratégique. Soit la France montre une certaine force, soit elle montre une certaine faiblesse. Pour le président Macron et les décideurs français, c'est un moment difficile au moment où on doit prendre la décision de savoir ce que l'on va faire. Fallait-il quitter le Sahel après l'opération Serval en 2013, ou plus tard ? On est resté en accord avec les gouvernements maliens, nigériens, et burkinabés de l'époque, et il y a eu effectivement une évolution. Est-ce qu'on aurait dû décider un départ plus tôt ? Sans doute.

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