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Fidel Castro, l'homme qui voulait débarrasser l'Afrique de l'impérialisme

Il s'était juré de débarrasser l'Afrique de toute forme d'impérialisme. Fidel Castro a apporté son soutien aux luttes de libération sur le continent noir, en Afrique australe notamment. Les forces cubaines ont mené des batailles décisives qui ont abouti à l'indépendance de l'Angola, de la Namibie et de la Guinée-Bissau. Sa contribution à la lutte contre l'apartheid a été saluée par Nelson Mandela.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Fidel Castro rend visite à Nelson Mandela à son domicile de Johannesburg, le 2 Septembre 2001. (Photo Reuters)

«Cuba n’est pas seulement latino-américain, mais il est aussi latino-africain ». Ainsi s’exprimait Fidel Castro le 2 septembre 1960 dans sa première déclaration qui proclamait le caractère socialiste de la révolution cubaine.

Dès 1965, le compagnon de lutte de Fidel Castro, l’argentin Ernesto «Che» Guevarra arrive dans le maquis congolais, peu après l’assassinat du leader indépendantiste Patrice Lumumba. Avec une centaine de cubains noirs, le guérillero veut prêter main forte aux rebelles congolais pour chasser le pouvoir «néocolonialiste» installé à Kinshasa. Cette première aventure se solde par un fiasco militaire.
 
Le commandant Ernesto «Che» Guevara dans le maquis congolais en 1965 (Photo Reuters)

A la différence du Congo, les opérations de guérilla que les Cubains menèront en Guinée-Bissau seront un succès. L'empire portugais s'écroulera comme un chateau de cartes.

Mais l’épopée militaire africaine démarre véritablement en Angola en 1975 avec l’opération «Carlotta», du nom d’une esclave noire qui avait trouvé la mort à Cuba en 1843, après avoir dirigé la rébellion d’un groupe d’esclaves.
Le pays s’apprête à proclamer son indépendance sous la banière MPLA , le mouvement marxiste d'Agostino Neto, soutenu par l’URSS.

Mais deux autres organisations proches des Etats-Unis revendiquent le pouvoir : le Front National de Libération de l’Angola (FNLA) de Holden Roberto et l'Union Nationale pour l'indépendance totale de l'Angola, l’UNITA de Jonas Savimbi, lié au régime raciste de Prétoria.
 
Le sud-ouest Africain (Namibie), enjeu majeur pour l’Afrique du Sud
Pour l’Afrique du Sud, pas question de laisser s’installer un régime marxiste en Angola. Pas question non plus de mettre en péril son contrôle de la Namibie qu’elle a annexée illégalement. La révolution angolaise pourrait donner des idées à d'autres indépendantistes.

Pretoria envahit le territoire angolais. Ses troupes sont appuyées par les rebelles de Jonas Savimbi et ceux de Holden Roberto. Agostino Neto, lui, fait appel à Fidel Castro qui dépêche 35.000 soldats sur le front. Cuba parvient à stopper l’avancée de l’armée sud-africaine qui se retire du pays en mars 1976. Le MPLA proclame son indépendance le 11 novembre 1975.  Mais le conflit n’est pas tout à fait terminé.
 
Un groupe de soldats cubains patrouille aux côtés des soldats angolais à Luanda, le 29 février 1988. (Photo Reuters)

Cuito Cuanavale, la bataille historique
Cuba entre de nouveau en action en novembre 1987, alors qu’un nouvel assaut de l’armée sud-africaine est en cours dans le sud du pays. Les troupes sud-africaines et les rebelles de l’UNITA veulent laminer définitivement la jeune armée angolaise et contrôler la capitale Luanda.
 
Le gouvernement angolais fait appel à Fidel Castro. Ce dernier envoie 50.000 soldats pour affronter la puissante armée sud-africaine.

Les archives de la revue Afrique-Express donnent les détails de la bataille décisive qui s’est déroulée du 12 au 20 janvier 1988. Fidel Castro raconte : «Un flot d’unités et de moyens de combat traversa en vitesse l’Atlantique et débarqua sur la côte sud de l’Angola pour attaquer le sud-ouest en direction de la Namibie, tandis qu’à 800 km plus à l’Est, des unités choisies avancèrent sur Cuito Cuanavale pour préparer un piège mortel aux forces sud africaines qui avançaient vers cette grande base aérienne
 
La bataille de Cuito Cuanavale durera huit jours. Les troupes sud-africaines sont stoppées au prix de 4600 morts. Les Cubains se trouvent désormais aux portes du Sud-Ouest africain (actuelle Namibie). Ils exigent le retrait inconditionnel des troupes sud-africaines d’Angola.

Le 22 décembre 1988, un accord est signé à New York par l’Afrique du Sud, l’Angola et Cuba. L’Afrique du Sud capitule. Non seulement elle se retire de l’Angola, mais elle accepte aussi la tenue d’élections supervisées par l’ONU en Namibie. Le pays accède à l’indépendance en juillet 1991.

Sam Nujoma, premier président de la Namibie au sommet de l'Union africaine à Abuja le 29 janvier 2005. (Photo Reuters/George Esiri)

Il a brisé le mythe de l'invincibilité de l'oppresseur blanc
Dans son documentaire intitulé Cuba, une odyssée africaine, la cinéaste égyptienne Jihan Tahri consacre une séquence à la rencontre historique entre Fidel Castro et Nelson Mandela à la Havane, le 26 juillet 1991. Libéré en février 1990, l’ancien prisonnier de Robben Island a choisi Cuba pour son premier voyage à l’étranger. Il tient à rendre hommage au commandant Fidel Castro pour son soutien militaire à la lutte contre l’apartheid : «La défaite décisive des agresseurs de l’apartheid (en Angola, NDLR) brisa le mythe de l’invincibilité des oppresseurs blancs. Elle fut une inspiration pour tous ceux qui luttaient à l’intérieur de l’Afrique du Sud.» 

De nombreux combattants du Congrès national africain ont reçu une formation militaire à Cuba. Aujourd’hui, note Augusta Conchighia dans Le Monde diplomatique, les noms des soldats cubains morts en Angola figurent avec ceux de tous les héros sud-africains sur le mûr du souvenir de Freedom Park à Pretoria.

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