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Au Mozambique, un traité de paix pour oublier un passé sanglant

Normalisation en vue au Mozambique où le parti d’opposition, la Renamo, ancien groupe armé soutenu par l’Afrique du Sud de l’apartheid, a signé un traité de paix avec le gouvernement pour mettre fin à une longue lutte qui raconte l’histoire du pays.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président du Mozambique Filipe Nyusi (G) et le leader de la Renamo (Résistance nationale mozambicaine) Ossufo Momade lors d'une cérémonie entérinant le cessez-le-feu entre les deux parties (1er août 2019) (STRINGER / OFFICE OF THE PRESIDENT OF MOZAMBIQUE / AFP)

La Renamo, ancienne rébellion devenue le principal parti d'opposition au Mozambique, a signé le 6 août 2019 un traité de paix définitif avec le gouvernement de Maputo, 27 ans après la fin de la guerre civile. Cet accord met un terme à un long processus de négociations initié par le leader historique de la Renamo, Afonso Dhlakama, décédé en mai 2018, et intervient à quelques mois des élections générales prévues le 15 octobre.

Ce traité de paix, s'il se concrétise véritablement, devrait mettre fin à un conflit qui raconte l'histoire sanglante du Mozambique depuis sa naissance en 1975. 

Un million de morts

Le conflit entre le Frelimo (Front de libération du Mozambique) et la Renamo (Résistance nationale du Mozambique) remonte en effet aux luttes pour l’indépendance du Mozambique et aux heures sombres de la guerre froide. Peu après l'accession à l'indépendance en 1975 de cette ancienne colonie portugaise, la Renamo avait combattu le gouvernement dirigé par le Frelimo durant 16 ans. Cette guerre civile, qui a fait un million de morts, a pris fin en 1992.

D’un côté, il y avait le Frelimo, mouvement fondé en 1962 luttant pour l’indépendance du Mozambique, alors colonie portugaise, dans un environnement géographique dominé par l’Afrique du Sud de l’apartheid. C’est ce parti (et son leader Samora Machel) qui a négocié l’indépendance du pays avec la puissance coloniale en 1974. Se revendiquant pendant un temps du marxisme, le Frelimo a ensuite dirigé le pays en parti unique jusqu’au milieu des années 1990.

La Renamo (Résistance nationale mozambicaine) a, elle, des origines beaucoup plus sombres. Ce mouvement est né pour lutter contre le parti indépendantiste avec l’aide des Etats-Unis (qui luttaient contre tout ce qui pouvait ressembler à un communiste) et de l’Afrique du Sud de l’apartheid qui s’opposait aux indépendantistes africains dans le cône sud du continent. A cette époque, Pretoria combattait les opposants à l’apartheid et notamment les militants de l’ANC (le parti de Mandela) qui trouvaient refuge au Mozambique. D’où l’intérêt pour le régime de l'apartheid de financer un mouvement qui sèmerait le désordre chez ses voisins du Nord. La Renamo a souvent été accusée d’utiliser des méthodes brutales dans ce but, provoquant l'appauvrissement du pays.

Parti d'opposition

A la fin de la guerre civile, en 1992, après un accord signé à Rome, la Renamo s'est alors transformée en parti politique. Le texte a ouvert la voie à des élections multipartites en 1994. La Renamo les a perdues et est devenue le principal parti d'opposition. En octobre 2013, elle a déclaré la fin de l'accord de paix après un raid de l'armée. Les hostilités ont alors repris de 2013 à 2016.

Un cessez-le-feu a été déclaré en 2016, suivi de négociations de paix. Malgré la fin de la guerre civile et sa transformation en parti politique, la Renamo conservait un bras armé. Fin juillet, l'ex-rébellion a entamé le désarmement de ses combattants dans le cadre du nouvel accord de paix. 

Aujourd’hui, la guerre civile ayant pris fin, la Renamo se revendique comme un parti politique conservateur voulant disputer démocratiquement le pouvoir au Frelimo, devenu un parti traditionnel s'affirmant proche des sociaux-démocrates.

Dans le même temps, la violence a changé de visage. Si l'accord entre le pouvoir de Maputo et la Renamo se révèle durable, c'est désormais dans le nord du pays qu'elle se manifeste. Le régime du président Nyusi y combat en effet une insurrection jihadiste, qui a fait plus de 250 morts, depuis octobre 2017.

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