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La démocratie, source de richesses en Ile Maurice

L'île Maurice, dont l'économie a crû de 5,4% en moyenne de 1970 à 2010, a l'air d'un petit miracle face à la situation contrastée qu'offrent nombre de pays africains. Une success story qui a vu le jour grâce aux institutions démocratiques rassemblant les immigrants venus d'horizons différents.
Article rédigé par Jean-Claude Rongeras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La banque centrale de l'île Maurice, à Port-Louis, le 2 novembre 2011. (AFP/STEPHANE FRANCES)

Les autorités de Port-Louis mettent aujourd’hui en avant la position originale du pays, passerelle entre l’Afrique et l’Asie; ses partenaires extérieurs investisseurs le voit comme un axe de stabilité sur la route du commerce longent les côtes de l’Afrique australe.

L’île s’intègre avec réussite dans les nouveaux courants de la modernité
Jusqu'en 2009, sa profitabilité a reposé notamment sur les tarifs préférentiels auxquels l’Union européenne achetait le sucre qu’elle produisait. Dès 1970, elle a toutefois commencé à investir avec des partenaires hong-kongais et européens dans la création de zones franches, employant 60.000 personnes en 2010, produisant pour l’exportation, jouets, habillement, petit électronique… Les textiles de qualité, le label Made in Mauritius, ont été plébiscité par les grandes marques.

Lorsqu’une activité déclinait, Maurice a toujours eu le ressort de créer un nouveau secteur de  développement. Elle a ainsi joué la carte du tourisme de luxe, avec 90.000 touristes en 2008. Et, aujourd’hui, elle développe les services bancaires et financiers et les services liés au commerce électronique.

Les riches retraités bienvenus
Autre ambition, l’accueil de retraités aisés, prêts à acheter une résidence onéreuse, aguichés par une taxation fiscale modéré (15% comme pour les entreprises et pas d’imposition sur les dividendes). Et aussi un éventail de services liés à la santé (soins dentaires, capillaires), également proposé aux touristes.  


Les plages publiques de Maurice menacées

AFP, le 21 juillet 2012

Ces adaptions aux besoins de l’économie mondiale ont été rendus possibles par le bon niveau de l’éducation et le bilinguisme de la population (anglais et français, en plus du créole). Mais elles résultent au premier chef d’une particularité due au colonisateur anglais. Ce dernier a su créer les conditions de la mise en place d’institutions politiques démocratiques qui ont donné voix aux minorités.

Les migrants (hindouistes 50%, catholiques 30% et musulmans 17% aujourd'hui) ont su construire le succès économique de l'île car ils ont le sentiment que tout le monde est intégré. Leur croyances dans les vertus de l’entreprise ont fait le reste.

Policitiens de père en fils
Dans ce modèle, réunissant Etat de droit (élections tous les 5 ans), démocratisation et cohabitation ethnique, la justice économique est un élément de base. Ainsi, alors que le climat des affaires se détériore en raison de la crise, Anerood Jugnauth, alors chef de l'Etat, a appelé, le 12 mars lors de la commémoration des 44 ans de l’indépendance, à «l’équité économique dans le partage de la richesse». 

Pourtant, sur cette île qui ne possède pas d’armée, les hommes politiques, s’ils peuvent être fiers de leur contribution au bien-être commun, n’ont pas toujours les mains entièrement propres. On retrouve en effet très souvent les membres d’une demi-douzaine de familles aux commandes. Le président Jugnauth a ainsi dû démissionner courant 2012 après que son fils, Parvind Jugnauth, ministre des Finances, a été compromis dans un scandale politico-financier. Pour certains historiens, «les dynasties sont la négativité de la démocratie».

La littérature mise en avant
Au plan culturel, ce pays de 1.300.000 habitants se singularise par le bon accueil réservé à la littérature. Le bon indice de développement humain et les longues relations culturelles et linguistiques avec la France en sont, pour partie, les raisons. Ce pays, dont le prix Nobel Jean-Marie Gustave Le Clézio possède la nationalité, qui a vu naître Natacha Apanah, la lauréate du Prix FNAC 2007, est aussi la patrie du grand poète Malcolm de Chazal.

Toujours dans le cadre du développement de l’île, le gouvernement mauricien prévoit la construction d’un tramway ou métro léger entre Port-Louis (la capitale) et la ville de Curepipe (centre) pour un coût d’environ 620 millions d’euros, qui doit être développé avec l’aide de Singapour.

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