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Maroc : mobilisation internationale en faveur de l’historien Maâti Monjib

Le défenseur des droits de l’Homme et historien marocain Maâti Monjib est en grève de la faim depuis deux semaines. Son état de santé se détériore rapidement. Il est interdit de sortie de territoire. Procès politique, selon l’historien, irrégularité financière, assure le ministère de l’Intérieur.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Maati Monjib, défenseur des droits de l'Homme et historien marocain. (DR/Capture d'écran )

Il a dû être hospitalisé en urgence dimanche 18 octobre 2015 après un malaise cardiaque. L’universitaire s’est rendu le lendemain en ambulance à Casablanca, à la convocation de la Brigade nationale de la police judiciaire. Maâti Monjib refuse de répondre aux autorités. Il dénonce un harcèlement judiciaire. En grève de la faim depuis près de deux semaines, l’historien voit son état de santé se dégrader au fil des jours.
 
La polémique a pris un tour international avec un éditorial du quotidien américain le New York Times et le soutien de ses confrères étrangers, notamment avec une pétition mise en ligne par Mediapart. «En tant que monarchie engagée sur la voie de la démocratisation, le Maroc jouit d’une image favorable et est considéré comme le pays le plus stable de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Mais cette réputation est sérieusement menacée par la campagne d’intimidation menée par le gouvernement à l’encontre des journalistes et des militants des droits de l’Homme», relève le site américain.


Que s’est-il passé ? L’historien, professeur à l’Université de Rabat et président de l’association Freedom Now, est en grève de la faim depuis le 7 octobre. Les autorités marocaines refusent de le laisser quitter le territoire pour se rendre à des colloques internationaux.
 
Les raisons divergent : harcèlement judiciaire pour l’intéressé, irrégularités financières dans les comptes du Centre Ibn Rochd qu’il dirigeait pour la police. «Les déclarations rapportées par certains organes de presse et attribuées à Maati Monjib, selon lesquelles il prétend être interdit de voyage par les autorités sécuritaires et avoir fait l’objet de harcèlement et de menaces de mort sont dénuées de tout fondement. L’intéressé est poursuivi dans une affaire en relation avec des irrégularités financières alors qu’il gérait un centre d’études», affirme le ministère marocain de l’Intérieur dans un communiqué.
 
L’historien menace de porter plainte contre les autorités. «Cet acharnement trouve son origine dans mon militantisme et mes écrits en anglais. Au début, la police judiciaire m’a accusé de porter atteinte à l’allégeance des citoyens aux institutions, et quand ils ont remarqué que ça ne marchait pas, cette accusation a disparu pour céder la place à des irrégularités financières», explique-t-il à Tel Quel.



En France, ses confrères ont lancé une pétition de soutien adressée à l’ambassade de France au Maroc. «Nous soussignés, déclarons la constitution d’un comité international de soutien au professeur Mâati Monjib qui subit depuis quelques temps des pressions de la part des autorités marocaines. Ces pressions ont commencé par une campagne de dénigrement médiatique prolongée par une poursuite judiciaire dans le but de neutraliser l’action du professeur Monjib en faveur de la liberté de la presse et d’expression et du changement démocratique au Maroc», déclarent ses soutiens dans la pétition mise en ligne par Mediapart.
 
L’état de santé de Maâti Monjib, diabétique et cardiaque, en grève de la faim depuis 14 jours, inquiète tout le monde : ses amis, soutiens… et les autorités. 

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