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Les cheminots marocains gagnent leur procès contre la SNCF, qui «prend acte»
Les chibanis marocains ont attendu près de quinze ans avant de voir leur plainte aboutir. Le 21 septembre 2015, la justice française a tranché en leur faveur. La SNCF doit verser à chacun d’entre eux entre 150.000 et 230.000 euros. La compagnie ferroviaire vient de renoncer à se pourvoir en cassation.
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Le Conseil des prud'hommes de Paris a rendu sa décision : la SNCF est condamnée pour discrimination envers plusieurs chibanis (cheveux blancs en arabe) marocains. Les dommages et intérêts s’élèvent en moyenne à 200.000 euros.
Tout commence dans les années 70, lorsque la SNCF recrute environ 2.000 Marocains comme contractuels, c'est-à-dire avec un CDI de droit privé. Ils ne relèvent pour la plupart pas du statut particulier des cheminots, plus avantageux, réservé aux ressortissants européens et aux jeunes embauchés. «Ils disaient "travail égal, salaire égal" mais cela n’a pas été le cas. A la retraite, on a eu des miettes, on s’est rendu compte qu’on avait été arnaqués», se confie l’un d’eux. «On a dit que nous étions les «indigènes du rail», comme il y a eu les combattants marocains, c’est vrai. On a contribué à l’essor de la France. Il fallait voir le travail, la nuit, à composer les trains, je connais trois collègues qui ont eu le bras coupé», estime Ksioua Ghaouti, 66 ans, qui a fait sa carrière à la gare de triage de Strasbourg.
Condamnée dans neuf dossiers sur dix
La moitié des 832 plaignants ont acquis un jour la nationalité française. Mais seuls 113 ont obtenu le fameux « statut », dénommé en interne «cadre permanent». Ils avaient tous déposé des recours affirmant avoir été bloqués dans leur carrière et lésés à la retraite. La SNCF, qui a récusé toute discrimination, a été condamnée dans neuf dossiers sur dix. La compagnie ferroviaire «prend acte des décisions du Conseil des Prd'hommes de Paris et va analyser dans les prochaines semaines les conséquences juridiques et réglementaires de ces décisions».
A l’annonce de la décision, Ahmed Katim, recruté en 1972 comme contractuel, était en larmes: «C'est une énorme satisfaction, la dignité pour les Marocains et la fin d'un combat de 15 ans.» La plupart des plaignants sont à la retraite ou en voie de l’être.
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