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Enquête Pegasus : le téléphone d’Arnaud Montebourg lui aussi infecté

Le téléphone d’Arnaud Montebourg, ancien ministre du quinquennat de François Hollande et éphémère candidat à l’élection présidentielle 2022, a lui aussi fait l’objet de tentatives de piratage, selon les informations recueillies par "Mediapart" et les partenaires du "Projet Pegasus", dont la Cellule investigation de Radio France.

Article rédigé par franceinfo - d’Élodie Guéguen, Cellule investigation de Radio France
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le téléphone de l’ex-ministre Arnaud Montebourg a également été infecté par le logiciel espion Pegasus (11 septembre 2016). (XAVIER LEOTY / AFP)

La liste des personnalités politiques françaises ciblées par le redoutable logiciel espion Pegasus s'allonge. Des analyses techniques réalisées récemment par la police française sur le téléphone de l'ancien ministre du Redressement productif confirment en effet qu'Arnaud Montebourg a lui aussi été infecté en septembre 2019 par le logiciel commercialisé par NSO.

Le client de la société israélienne a notamment utilisé une faille dans le système d'iMessage des téléphones Apple. Ainsi, on trouve la trace de deux comptes e-mail, identiques à ceux qui ont été utilisés pour tenter d'espionner le journaliste marocain Omar Radi, l'avocat français Joseph Breham qui défend des prisonniers sahraouis, la journaliste de Mediapart Lenaïg Bredoux qui avait enquêté sur le chef des services secrets marocains, ou encore un autre ancien ministre français, François de Rugy. Ces "marqueurs" d'attaques ou de tentatives d'attaques seraient liés au Maroc selon nos investigations.

Montebourg "veut connaître les commanditaires"

Quel intérêt le Maroc aurait-il eu à cibler Arnaud Montebourg, à une époque où celui-ci avait quitté la scène politique pour se reconvertir dans les affaires ? Est-ce parce que depuis plusieurs années, il préside le conseil d'administration de France Algérie, une association créée pour renforcer les liens avec le frère ennemi du royaume de Mohammed VI ? L'ancien ministre, contacté par les partenaires du Projet Pegasus, dit ne "pas avoir d'explications à donner à cette surveillance illégale. Et même si j'en avais, je serais bien incapable de les comprendre", ajoute-t-il. L'ex-candidat à l'élection présidentielle a saisi la justice car il veut "connaître les commanditaires de cet espionnage industriel de haute portée technologique."

Par la voix de son avocat français Olivier Baratelli, le Royaume du Maroc, quant à lui, dément une nouvelle fois avoir "acquis, détenu ou utilisé le logiciel commercialisé par la société NSO." Interrogé sur le cas d'une possible surveillance d'Arnaud Montebourg, le groupe NSO répond au consortium formé par Forbidden Stories que l'entreprise "n'est pas au courant des données et des cibles potentielles de ses clients."

Le groupe israélien est en grande difficulté depuis nos révélations. En novembre 2021, les autorités américaines l'ont placé sur liste noire pour avoir vendu des outils de piratage à des pays qui les ont utilisés pour espionner notamment des responsables américains et des journalistes. Mi-janvier 2022, le ministère de la Justice israélien a aussi promis une enquête nationale sur des allégations selon lesquelles le logiciel Pegasus aurait été utilisé pour espionner des citoyens de l'État d'Israël, notamment des opposants à l'ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu.

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