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Des artistes africains exposent au Maroc pour une énergie propre

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié
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AprĂšs Paris, Londres, Abidjan, Addis Abeba, Le Cap et Washington, Rabat accueille jusqu'au 15 aoĂ»t 2019 au musĂ©e Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain l'exposition itinĂ©rante LumiĂšres d’Afriques.

Cette manifestation est nĂ©e en 2015 pendant la COP 21 Ă  l'initiative d'African Artists for Development (AAD), une ONG Ă  caractĂšre philanthropique qui soutient des projets de dĂ©veloppement durable associĂ©s Ă  des crĂ©ations d’artistes contemporains.

54 d'entre eux venant chacun d'un pays du continent ont planché sur le thÚme de la lumiÚre, de l'énergie et de son développement. Un enjeu considérable car sans réseau électrique, croissance et progrÚs restent impossibles. 600 millions d'Africains sont privés d'électricité à ce jour.

"L’objectif de cette exposition est clair : sensibiliser par un geste artistique exceptionnel Ă  l’enjeu essentiel que constitue la couverture complĂšte de l’Afrique en Ă©lectricitĂ©, avec des rĂ©seaux efficaces s’appuyant sur des technologies durables. (
) Le but ultime est que cette exposition devienne un jour le symbole de cette prise de conscience et d’un engagement continental pour une nouvelle croissance respectueuse de l’individu de la planĂšte et du climat", prĂ©cise Gervanne Leridon, co-prĂ©sidente de AAD.

NĂ© en 1984, l'artiste pluridisciplinaire sud-africain Athi-Patra Ruga travaille Ă  la croisĂ©e de la mode et de l’art contemporain. Il questionne les notions d’identitĂ©, d’aliĂ©nation, de symbiose entre le corps et l’esprit. Ses vidĂ©os, photographies, crĂ©ations textiles et performances, mĂ©langent culture populaire, politique et Ă©rotisme. Il a Ă©tĂ© rĂ©compensĂ© en 2017 pour sa sĂ©rie "Queens in Exile" (dont est tirĂ©e cette photo) par le prix Seydou KeĂŻta, Grand Prix des 11e Rencontres de Bamako, la biennale africaine de la photographie au Mali. (Athi-Patra Ruga / Whatiftheworld gallery)
Franck Lundangi est nĂ© en 1958 en Angola. Avec ses parents, il est obligĂ© de fuir son pays oĂč la guerre civile fait rage. D'abord installĂ© en RCD, il se destine Ă  une carriĂšre de footballeur, mais des problĂšmes de santĂ© mettent fin Ă  ses rĂȘves. Il s'installe en France en   1990. GrĂące Ă  sa femme artiste-peintre, il dĂ©couvre le milieu artistique. D'abord passionnĂ© par le dessin, il se tourne dĂ©finitivement vers la peinture et la sculpture. "J'aime le silence, j'espĂšre que ma peinture reflĂštera ce silence, cette paix intĂ©rieure que j'essaie de maintenir", prĂ©cise-t-il. Depuis plus de  20 ans, ses Ɠuvres fortement teintĂ©es de poĂ©sie et de spiritualitĂ© sont exposĂ©es dans le monde entier.   (Franck Lundangi / Mathieu Lombard)
AĂŻda Muluneh est une artiste pluridisciplinaire Ă©thiopienne nĂ©e en 1974. Elle parcourt le monde depuis son enfance, fait des Ă©tudes au Canada et aux Etats-Unis. DiplĂŽmĂ©e de cinĂ©ma, elle se tourne pourtant vers photojournalisme, rentre au cĂ©lĂšbre "Washington Post" avant d'embrasser dĂ©finitivement une carriĂšre artistique. Un regard africain sur l'Afrique telle est sa dĂ©marche. Elle veut changer la vision de ses contemporains sur le continent. "L'Afrique est toujours prĂ©sentĂ©e par des images nĂ©gatives, d'Africains affamĂ©s et de conflits", dĂ©clare-t-elle. La femme, sa reprĂ©sentation et sa place dans la sociĂ©tĂ© africaine, est au centre de son Ɠuvre. (AĂŻda Muluneh)
L'artiste de renommĂ©e mondiale et directeur du Conservatoire des Arts et MĂ©tiers MultimĂ©dia de Bamako, Abdoulaye KonatĂ©, est nĂ© en 1953 au Mali. Depuis plus de 40 ans, il teint, dĂ©coupe, coud des morceaux de tissus pour crĂ©er des paysages-patchworks, des tapisseries-tentures, des sculptures-textiles. Si au premier regard, son art semble abstrait, il n'est aucunement dĂ©coratif. Il aborde Ă  travers ses Ɠuvres tous les maux qui agitent aujourd'hui l'Afrique mais aussi le reste du monde : racisme, corruption politique, conflits ethnico-religieux, changement climatique
 "Je ne dirai pas que je suis un artiste engagĂ© mais je m’intĂ©resse aux problĂšmes sociaux. (
) Je ne veux pas qu’on regarde d’abord le tissu, je l’utilise comme une palette, parfois pour traiter de thĂšmes trĂšs violents. Je souhaite qu’on voie d’abord la couleur et le thĂšme", dĂ©clare-t-il. (Abdoulaye Konaté / Primo Marella Gallery)
  Gonçalo Mabunda est nĂ© en 1975 Ă  Maputo, peu avant la "guerre de seize ans". Ce conflit a ensanglantĂ© le Mozambique de 1976 Ă  1992 et fait un million de morts et quatre millions de dĂ©placĂ©s. A 17 ans, il intĂšgre le studio Nucleo, un collectif artistique, et se forme au mĂ©tal et au bronze. Son travail reste trĂšs marquĂ© par la violence et l'absurditĂ© de ce conflit. Ses Ɠuvres, oĂč il transforme des armes de guerre en objets d'art - trĂŽnes, masques, totems - ont acquis une renommĂ©e internationale. (Gonçalo Mabunda)
Emeka Okereke est nĂ© en 1980 au Nigeria et s'est formĂ© aux Beaux-Arts Ă  Paris. Photographe et vidĂ©aste, son Ɠuvre est imprĂ©gnĂ©e de poĂ©sie. Il vit et travaille entre l’Afrique et l’Europe. Membre du collectif artistique "Depth of Field" (Profondeur de Champ), il est Ă©galement le fondateur et directeur artistique de l’Invisible "Borders Trans-African Photography Project". Ce projet rassemble tous les ans une dizaine d’artistes africains pour un pĂ©riple photographique Ă  travers le continent. Emeka Okereke se dĂ©crit comme un "ĂȘtre frontalier" et dĂ©clare : "J’ai toujours pensĂ© qu’il n’y avait pas de vie sans mouvement et ce que je recherche Ă  travers mon art, c’est ce mouvement. Je me demande toujours : oĂč bat le cƓur ?" En 2003, il a reçu le prix du meilleur jeune photographe de l’AFAA "Afrique en crĂ©ation" Ă  la 5e Ă©dition du festival international de la photographie de Bamako. Il a Ă©tĂ© nommĂ© en France Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2018. (Emeka Okereke)
John Goba, nĂ© en 1944 Ă  Mattru Jong province du Sud, en Sierra Leone, vit aujourd’hui Ă  Freetown, la capitale du pays. Il a grandi au sein de la sociĂ©tĂ© secrĂšte des femmes Bondo, oĂč sa grand-mĂšre jouait un rĂŽle important. Ses sculptures colorĂ©es, apprĂ©ciĂ©es dans le monde entier, sont rĂ©alisĂ©es en bois recouvert de peinture industrielle et couvertes d’épines de porc-Ă©pic, auxquelles sont attribuĂ©es des vertus protectrices et mystiques. Il s’inspire du savoir-faire traditionnel, des secrets et des contes ethniques, en particulier ceux des Mende, dont il est issu.  Il a participĂ© Ă  de nombreuses manifestations consacrĂ©es Ă  l'art contemporain africain.  Il est rĂ©guliĂšrement invitĂ© aux biennales internationales. (John Goba / Mathieu Lombard)

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