Cet article date de plus de deux ans.

Vague nationaliste après les sanctions contre le Mali

Les sanctions contre Bamako réveillent le sentiment anti-français sur les réseaux sociaux, tandis que la communauté internationale soutient la Cédéao.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Manifestation spontanée de la plateforme Yerewolo contre la France et la Cédéao, le 10 janvier 2022 à Bamako, au Mali. (FLORENT VERGNES / AFP)

Aides financières coupées, avoirs gelés, frontières fermées... la décision de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) de sanctionner la junte au pouvoir au Mali continue de susciter des réactions nombreuses. Difficile de trouver sur les réseaux sociaux une trace de soutien à la décision de la Cédéao de sanctionner le pouvoir malien. Certains jugent cette sanction inhumaine : elle va toucher d’abord le peuple avec une hausse des prix classique lors de tout embargo. 

(Traduction : "Le Mali n’a pas besoin de votre aide pour faire que ce pays soit mieux qu’hier, ce qui signifie que nous ne voulons plus être des esclaves ou être mentalement colonisés par des gens qui ne sont pas meilleurs que nous. Si Dieu veut, le Mali sera un pays prospère.")

Le sentiment nationaliste est particulièrement exacerbé et évidemment la France est une cible privilégiée, accusée de néocolonialisme. "Le Mali veut s’extraire de la domination de la France. Il fait face non seulement à elle, mais aussi à ses agents", estime ainsi un contributeur. Et le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, est souvent considéré comme un sauveur.

(Traduction : "Goïta continue, nous sommes si fiers de toi.")

L’action des militaires serait largement soutenue, notamment à Bamako, affirment certains tweets. Elle est presque réclamée par le peuple selon des twittos. Ainsi, un prénommé Mohamed demande aux leaders de la Cédéao de s’interroger sur le fait que la population malienne ne soit pas dans la rue pour protester contre le pouvoir militaire. "Il y a des problèmes fondamentaux que le gouvernement ne pouvait pas résoudre. Le peuple est fatigué."

Un tweet présente la sanction comme l’une des épreuves de la série à succès Squid Game. Un tir à la corde où le vaincu est précipité dans le vide. La France et l’Union européenne sont d’un côté tandis que de l’autre la Cédéao pousse le Mali dans le vide.

Réactions internationales

Côté réactions diplomatiques, la France et l’Union européenne sans surprise, mais également les Etats-Unis, soutiennent les sanctions prises contre le Mali. "Ce qui se passe au Mali est une véritable fuite en avant de la junte au pouvoir qui, au mépris de ses engagements, souhaite confisquer le pouvoir pendant des années et priver le peuple malien de ses choix démocratiques", a déclaré Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères.

Le voisin algérien a encouragé les militaires maliens à "une attitude responsable et constructive". Le président algérien Abdelmadjid Tebboune juge "raisonnable et justifiable une période de transition d'une durée ferme de douze à seize mois", ont dit ses services dans un communiqué.

Mais un texte du Conseil de sécurité de l'ONU soutenant les sanctions de la Cédéao, proposé par la France, a été bloqué mardi 11 janvier par la Russie et la Chine.

Le soutien de la Guinée vis-à-vis de Bamako, qui refuse de pratiquer les sanctions à l’encontre du Mali, n’est guère surprenant. La Guinée est également dirigée par une junte militaire qui a renversé le président Alpha Condé le 5 septembre dernier. A Conakry, tout comme à Bamako, les militaires promettent de rendre le pouvoir aux civils après une période de transition.

Une vague nationaliste que la junte militaire, qui tient les manettes au Mali, entend bien capitaliser. Elle a appelé la population à manifester vendredi 14 janvier à Bamako contre la Cédéao.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.