Cet article date de plus d'onze ans.

Mali : comment Hollande soigne sa com

En marge de l'intervention française au Mali, l'Elysée veille à faire du chef de l'Etat un vrai président de guerre. 

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
François Hollande (D) s'entretient avec les ministres de la Défense, Jean-Yves Le Drian, des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et de l'Intérieur, Manuel Valls, le 12 janvier 2013 à l'Elysée. (PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE)

Pour l'Elysée, c'est une occasion à ne pas rater. Alors que le président de la République apparaît affaibli dans les enquêtes d'opinion depuis plusieurs semaines, l'intervention militaire au Mali menée par la France depuis vendredi 11 janvier peut être un moyen de redorer son image, de renforcer sa carrure. Francetv info revient sur trois exemples qui montrent comment le chef de l'Etat tente de maîtriser au mieux sa stratégie de communication.

1Des interventions brèves et solennelles

Sur les prises de parole, d'abord, François Hollande joue pleinement la gravité. Moins de deux minutes vendredi pour officialiser l'intervention française au Mali, et à peine plus de quatre minutes samedi pour donner quelques précisions sur cette mission. Deux allocutions, et pas une de plus, faites à chaque fois dans le cadre solennel de l'Elysée, et sur un ton lent, déterminé et exagérément grave. Objectif : endosser un costume martial, pour apparaître comme un président de combat, un président de guerre. 

"Le chef de l'Etat n'a pas encore eu l’occasion de faire ses preuves sur ce registre de la gravité, analyse Edouard Lecerf, de l'institut TNS Sofres, dans Libération (article payant)Cela va compléter son image de président sur un terrain qui n'avait pas été analysé comme ses points forts pendant la campagne."

2Des photos maîtrisées

Objectif identique quand la présidence de la République décide de ne pas ouvrir l'Elysée aux photographes de presse qui couvrent habituellement l'actualité du chef de l'Etat, et de transmettre elle-même les images aux médias. Ainsi les photos du Conseil restreint de défense de samedi publiées dimanche par Le JDD et Le Parisien ont-elles été prises par les photographes de la présidence. 

"En raison du caractère très sensible et même couvert par le secret défense des conversations, aucun pool n'a été organisé, et l'Elysée a assuré cette prise de vue", justifie le responsable du service photo de la présidence de la République, Stéphane Ruet, interrogé par Le Lab d'Europe 1. Un bon moyen pour l'Elysée, en tout cas, de mettre en scène comme bon lui semble l'action de François Hollande sur ce dossier.

Résultat : pour Le Lab, l'une de ces photographies peut faire penser à celle de Barack Obama lors de la capture d'Oussama Ben Laden en mai 2011, réalisée par Pete Souza, le photographe officiel de la Maison Blanche. 

3Une union nationale sur le plan politique

Troisième et dernier point : alors que gauche et droite semblaient en passe de s'opposer avec force sur la question de l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, François Hollande est parvenu à estomper ce sentiment en obtenant l'aval de l'ensemble de la classe politique. "Je tiens à saluer le consensus politique qui s'est constitué autour de l’engagement de la France, s'est-il empressé de souligner, samedi. Dans ces circonstances, le rassemblement des Français est une force supplémentaire pour la réussite de notre action."

Selon un sondage Ifop pour La lettre de l'opinion publié lundi, 63% des personnes interrogées approuvent d'ailleurs cette intervention militaire au Mali. D'après cette enquête, 77% des sympathisants PS, 63% de ceux de l'UMP et 53% de ceux du FN estiment que cette action est une bonne chose.

"La guerre n'a jamais été une mauvaise nouvelle pour un président. (...) Une grave crise internationale, et donc un conflit militaire, a toujours été une aubaine pour les cotes de popularité des chefs d'Etat, analyse Libération lundi. Et cette intervention de l'armée française au Nord-Mali ne devrait a priori pas échapper à la règle. Sauf enlisement ou conséquences dramatiques sur le sort des otages français détenus au Sahel..." 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.