Cet article date de plus d'onze ans.

Le Mali en guerre confronté à la crise économique

Les groupes armés, qui ont pris le contrôle du nord du Mali au printemps 2012, ont fait une autre victime: l’économie du pays. A commencer par l'agriculture. (mis en ligne le 2-1-2013)
Article rédigé par Jean-Claude Rongeras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Bamako, le 19 décembre 2012: l'usine textile de Batex.ci, sévèrement affectée par la crise économique. (AFP/HABIBOU KOUYATE)

Déja frappé par une très mauvaise récolte lors de la saison 2011-2012, le Mali s’est enfoncé dans la récession après le putsch du 22 mars 2012. «La production agricole et le commerce ont été impactés, alors que les voyages d’affaires ont subi une baisse notable à cause des conditions de sécurité précaire», indique le Fonds monétaire international. Avec le conflit, les conditions de sécurité très mauvaises empêchent les éleveurs, le plus souvent familiaux, de pouvoir faire normalement leur travail. Cette économie pastorale, qui exportait une bonne partie de sa production vers le Burkina-Fasso et la Côte d'Ivoire, a subi des dommages considérables. D'autant plus que les vols de bétail se sont fortement accru.   
 
Vague de licenciements économiques
Le secteur tertiaire est également touché avec une récession de 8,8%, selon l’Institut national des statistiques. Les licenciements économiques sont en forte augmentation dans la capitale, où les hôtels sont désertés par les touristes et les expatriés. Le prix des produits de première nécessité, comme les hydrocarbures, sont passés parfois du simple au double.


 
Secteur, également en première ligne dans la tempête, l’industrie de transformation. 20% des usines de Bamako ont fermé et 60% d’entres elles ont dû recourir au chômage technique. Ainsi, l’entreprise de textile Batex-ci est «à bout de souffle», explique Alioune Badara Diawara, un responsable. Si «les commandes sont toujours là grâce aux commandes des pays voisins, le coton, la matière première, n’est plus livrée depuis deux mois.» Longtemps considéré comme l'or blanc du Mali, qui faisait vivre quatre millions de personnes et représentait 25% du budget national, il rencontre nombre de difficultés en raison de la baisse des cours. Et, un des poids-lourds de l'économie malienne, la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles (CMDT) n'a pu connaître la fin du processus de privatisation, demandée par le FMI, en raison de la situation.

L'or sauve la mise
Ces mauvaises nouvelles sont d’autant plus regrettables que le tableau de l’économie malienne n'était pas mauvais avant la chute du nord. Le pays avait terminé l’année 2010, avec une croissance de 4,5%; le problème de désinflation s'avérait efficace: la hausse des prix, de 9,2% en 2008, n'était plus que de 1,5% en 2010.
 
Autre activité qui souffre, l’artisanat. Ainsi, au marché de N’Golonina, à Bamako, les bijoutiers peuvent rester «trois ou quatre jours sans voir un client», explique l'un d'entre eux. Il affirme que «les consignes données aux étrangers sont d’éviter de sortir» de chez eux. Résultats : «découragés, certains artisans restent à la maison où bien sont partis travailler dans les mines d’or». Ces dernières, qui représentent 70% des ressources du Mali, n'ont pas encore été affectées par les troubles récents. Ainsi, la société sud-africaine, Rangold Ressources, a inauguré en août la mine de Gounkoro. Sa combinaison avec la mine de Loulo devrait former l'une des plus grandes mines d'or en Afrique.

 

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