Cet article date de plus de quatre ans.

L'Union africaine tente de peser dans le dossier libyen et sur la crise au Sahel, avec le soutien de l'ONU

La Libye et le Sahel, un véritable casse-tête pour l'Union africaine. Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, est favorable à un rôle accru des Africains dans la résolution de ces crises.

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres lors d'une conférence de presse en marge du sommet de l'Union africaine à Addis Abeba, le 9 février 2020. (MICHAEL TEWELDE / AFP)

Il y a d’abord la question de la Libye, que certains citoyens de ce pays, épuisés par un conflit interminable, considèrent désormais comme "un repaire de mercenaires", en raison des combattants étrangers qui s’y bousculent. Malgré une trêve instaurée le 12 janvier 2020, malgré les promesses faites lors de la conférence internationale à Berlin le 19 janvier, le conflit continue de s’enliser. Il avait pourtant été convenu de mettre fin aux ingérences étrangères. La vérité, constate le Secrétaire général de l’ONU, c’est que le lendemain, tout le monde avait oublié les compromis de Berlin.

"On a vu les combats recommencer et on a vu des avions qui ont continué à décharger du matériel militaire et probablement des combattants étrangers à Benghazi, à Misrata, pour renforcer les belligérants. C’est un scandale et c’est une chose qui nous préoccupe énormément", a-t il déclaré à la presse, en marge du sommet de l’Union africaine auquel il a participé à Addis Abeba.

Aussi, Antonio Guterres soutient sans réserve l’initiative de l’Union africaine d’organiser un forum de réconciliation regroupant toutes les forces politiques, ethniques et religieuses libyennes. Y compris des représentants des kadhafistes, ignorés jusqu’à présent dans ce pays divisé en zones d’influences étrangères.

Ce forum doit être inclusif. Tout le monde doit y être. C'est toute la société libyenne qui doit se mobiliser pour qu'un futur Etat libyen puisse voir le jour

Antonio Guterres, Secrétaire général de l'ONU

à RFI

Comme en Libye, l’impasse reste aussi totale dans la région sahélienne où les attaques jihadistes sont de plus en plus fréquentes et meurtrières. Sur le terrain, les forces africaines et internationales font face, non seulement à un ennemi déterminé qui ne lâche pas prise, mais aussi à la perspective d’un retrait militaire américain de cette zone sensible. Le Secrétaire général de l’ONU reconnaît qu’un tel retrait porterait sans doute un coup fatal à la lutte anti-terroriste.

"Soyons clair. Le dispositif de sécurité qui existe aujourd’hui au Sahel est insuffisant pour faire face à la menace terroriste. Nous avons la Minusma qui est une force de maintien de la paix. Nous avons le G5-Sahel, nous avons l’opération française Barkhane et une présence américaine au Niger. Il faut que les Etats-Unis comprennent que nous avons besoin d’un mécanisme sécuritaire fort. Parce que ce mécanisme ne protégera pas seulement le Sahel, il est essentiel pour le continent africain, mais aussi pour nous tous", a plaidé Antonio Guterres sur l’antenne de RFI.

Le Secrétaire général de l’ONU l’a répété à Addis-Abeba : "Je crois qu’il faut reconnaître que le terrorisme est en train de gagner et que le risque est réel que les Etats sahéliens s’effondrent", s'est-il inquiété face à la presse. Pour lui, il faut déployer dans la zone sahélienne une force anti-terroriste avec un mandat clair du Conseil de sécurité et un financement garanti. "Nous l’avons proposé, en vain. Il faut que ça change à un moment donné", a-t il lancé.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.