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Le b.a-ba de l'élection présidentielle au Mali

Les Maliens se rendent aux urnes pour élire leur président. Les bureaux de vote viennent d'ouvrir. Voici tout ce que vous devez savoir sur cette élection scrutée par le monde entier.

Article rédigé par Pauline Hofmann
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des partisans du candidat Dramane Dembélé collent des affiches à Gao, dans le nord du Mali, le 25 juillet 2013. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

La communauté internationale observe avec attention le premier tour de l'élection présidentielle au Mali, dimanche 28 juillet. Six mois à peine après l’intervention des forces françaises dans le pays, les Maliens se rendent aux urnes pour élire un président légitime, alors que Dioncounda Traoré assure l'intérim du pouvoir depuis avril 2012.

L'empressement à organiser le scrutin et les nombreuses fausses notes ne vont finalement pas empêcher le retour d’un début de processus démocratique au Mali, malgré les craintes de nombreux observateurs. Francetv info vous explique tout ce qu'il faut savoir sur cette élection décisive.

Les enjeux

Faire cesser la violence. Début juillet, il restait 9 400 soldats au Mali, dont 3 200 Français. En mai, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, résumait la situation dans le magazine Jeune Afrique : "Au Mali, nous avons gagné la guerre. Reste à gagner la paix." Le calme est revenu dans la majorité du pays, mais des attentats continuent d'endeuiller le Nord qui avait fait sécession. En avril, quatre personnes avaient trouvé la mort dans une explosion à Kidal, à 1 500 kilomètres au nord de Bamako. Des agents électoraux ont également été brièvement enlevés.

Ressouder le pays. Les relations entre les habitants du Sud et les Touareg qui tiennent Kidal et ses environs, au Nord, sont encore tendues. Les négociations sont quotidiennes mais rien n'assure que les 37 000 électeurs de cette région iront voter, notamment parce que l'administration malienne n'y a plus aucun pouvoir. Même si l'intervention française a désamorcé le conflit, l'armée nationale avance à petits pas lorsqu'il s'agit d'entrer dans la ville, comme le raconte Le Monde (article payant). Un accord de paix devra être signé dans les deux mois après la prise de fonction du nouveau président.

Gérer l'aide internationale. Lors d'une conférence de l'Union européenne à Bruxelles, les donateurs ont promis 3,2 milliards d’euros, sous la condition de la tenue d’élections. Le pays a absolument besoin de cette aide. En effet, depuis le coup d’Etat militaire qui a renversé le pouvoir en mars 2012, les bailleurs de fonds ont coupé les vivres au Mali. Avant la chute d'Amadou Toumani Touré, les aides internationales représentaient près d’un tiers du budget de l'Etat, d'après le journal malien Le Matin.

Remettre le pays à flot. Le pays est en récession depuis les troubles de 2012, alors que la croissance devait être de 5%, selon les prévisions d’avant le coup d’Etat. Avec 500 000 déplacés dans le pays, des conditions météorologiques difficiles et l’insécurité qui a chassé les investisseurs, l’économie malienne est en grande difficulté. Le secteur du tourisme souffre encore de la guerre et les hôtels remplissent péniblement une chambre sur trois. L'économie est soutenue à bout de bras par les deux seuls secteurs encore viables : l’or et le coton.

Les candidats

Vingt-sept personnes sont en lice pour le siège de président du Mali. Malgré les espérances de certains électeurs, ce scrutin n'est pas celui de la rupture. Nombreux sont les candidats à avoir une expérience politique. Parmi eux, quatre candidats sortent du lot après seulement vingt jours de campagne officielle. 

Le favori. Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, a une longue expérience de la politique dans son pays, comme l’explique RFI. Ministre des Affaires étrangères puis Premier ministre, il s’est déjà présenté à deux élections présidentielles. Il s’était fait connaître pour l’intransigeance avec laquelle il a traité avec les syndicats quand il était chef du gouvernement. Cette réputation de fermeté pourrait bien lui servir dans un Mali à la déroute.

L'économiste. Responsable de l’Union économique monétaire ouest-africaine de 2004 à 2011, Soumaïla Cissé s'est forgé une image d’économiste chevronné, utile pour régler la situation désastreuse du pays. Autre atout : il est originaire de Tombouctou, une des villes les plus touchées par les affrontements entre rebelles et armée. Il a été ministre sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré, figure historique de la politique malienne.

L'héritier d'ATT. Ancien officier de police, Modibo Sidibé est un proche de l'ex-président Amadou Toumani Touré ("ATT"), dont il a été Premier ministre. Or, beaucoup d’électeurs exigent une rupture avec l’ancien régime et les événements des derniers mois. Les soupçons de corruption qui grèvent l’entourage d’ATT le touchent également. Dans une interview accordée à RFI, il remet en cause cette image du Mali.

L'outsider. Dramane Dembélé est un ancien géologue qui n'a pas de grande expérience du pouvoir. En revanche, il appartient à l’Adema, le parti le mieux implanté. Il n’est pas certain que cette étiquette lui serve. L'Adema soutenait le parti d’ATT, renversé en mars 2012. Il se présente comme le candidat de la jeunesse, dans un pays où 62% de la population a moins de 30 ans.

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