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Vidéo Financement du terrorisme par le trafic d'art : comment un antiquaire espagnol a été démasqué

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Durée de la vidéo : 4 min
Complément d'enquête. Trafic d'art lié au financement du terrorisme : comment un antiquaire espagnol a été démasqué
Complément d'enquête. Trafic d'art lié au financement du terrorisme : comment un antiquaire espagnol a été démasqué Complément d'enquête. Trafic d'art lié au financement du terrorisme : comment un antiquaire espagnol a été démasqué
Article rédigé par France 2
France Télévisions

En Espagne, "Complément d'enquête" a suivi la traque d’un antiquaire barcelonais accusé de financement du terrorisme. Une première en Europe ! A l'origine de ce coup de filet, la brigade du patrimoine, qui a enquêté pendant trois ans.

Quand il se tiendra (pas avant plusieurs mois), son procès sera le tout premier du genre. Qui est ce marchand d'art catalan accusé de financement du terrorisme ? L'antiquaire soupçonné d'avoir acheté des œuvres d'art pillées par Daech s'appelle Jaume Bagot. A 32 ans, il est respecté dans le milieu, réputé pour les objets rares qu'il propose à la vente.

Dans sa galerie à Barcelone, beaucoup de pièces en provenance de Libye, et plus particulièrement de Cyrénaïque. En 2015, c'est ce qui a mis la puce à l'oreille de la police espagnole, alertée par les demandes de permis d'exportation. La région était alors totalement dominée par Daech. "Dans un site qu'ils contrôlent, rien ne circule sans leur autorisation", explique à "Complément d'enquête" Fernando Porcel, chef de la brigade du patrimoine historique de la police espagnole.

Des échanges de mails montrent comment sont "blanchis" des objets d'art à l'origine douteuse

La brigade du patrimoine intercepte les mails échangés entre le marchand d'art et son intermédiaire chargé d'acheter les antiquités en Libye. Ces mails font apparaître leur technique pour "blanchir" des œuvres que l'on peut soupçonner d'avoir été pillées. Exemple avec un buste acheté 30 000 euros, acquis en 2015. Pour faciliter le passage à la douane, le complice libyen fabrique, sur demande de l'antiquaire, une facture falsifiant la valeur et la provenance de l'objet : "500 euros, collection privée antérieure à 1970". Le buste apparaît quelques mois plus tard, restauré, dans le catalogue de l'antiquaire.

En perquisitionnant la galerie de Barcelone, l'équipe de Fernando Porcel met la main sur des dizaines d'objets d'une valeur de 50 000 à 100 000 euros, enveloppés dans des couvertures. L'enquête se poursuit à Tripoli à la recherche de preuves et de témoignages. Elle a d'ores et déjà permis de placer en garde à vue un marchand d'art accusé de financer le terrorisme. Une première en Europe. L'antiquaire nie en bloc ces accusations, mais la brigade espagnole du patrimoine attend beaucoup du procès.

Extrait de "Trafiquants d'art : la guerre est déclarée", un document de "Complément d'enquête" à voir le 20 février 2020.

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