Libye: pour limiter les flux migratoires, l'Europe joue la carte des tribus
La Libye
Depuis la chute du régime de Kadhafi, plus aucune force ne surveille la frontière sud du pays. Les tribus nomades libyennes qui vivaient de multiples trafics se sont spécialisées dans la traite des migrants, devenue une importante source de revenus. Des réseaux très organisés prennent en charge les candidats pour l'Europe du Niger jusqu'en Italie. L'itinéraire est segmenté et organisé sous le contrôle des tribus.
Des migrants soumis au travail forcé ou à l'exploitation sexuelle, affirme un rapport publié le 11 avril 2017 par l'Organisation international pour les migrations (OIM): «Ils sont vendus entre 200 et 300 dollars et retenus deux à trois mois.»
L’Union européenne a mené des tractations, longtemps restées secrètes, avec différents groupes libyens dans l’espoir de s’attaquer au modèle économique des passeurs.
Autour de la table, 60 chefs de clans, notamment les chefs de la communauté Toubou, de la tribu arabe des Awlad Suleiman et des Touareg, ainsi qu’un représentant du gouvernement libyen d’union nationale, basé à Tripoli.
Libye: un marché aux esclaves
L’initiative vise à combattre «une économie basée sur les trafics illicites, qui entraîne des centaines de morts en Méditerranée, des milliers de désespérés à la recherche d’une vie meilleure, une poussée populiste en Europe et la menace djihadiste dans le désert», indique le document final de cette rencontre.
En février 2017, le Conseil européen de Malte avait donné le ton par la voix du Premier ministre maltais, Joseph Muscat. «Il y a maintenant un engagement direct avec les tribus dans le sud de
Haay Sandu, un dirigeant Toubou, reconnaît que le trafic des migrants clandestins est la principale source de revenus pour sa tribu d'environ 200.000 personnes.
«Nous allons coopérer sur les deux fronts»
«Nous avons discuté pour la première fois avec les Awlad Suleiman grâce à des ONG. La paix entre nos tribus est venue sous les auspices de l'Italie et du gouvernement de Tripoli. A ce moment-là, nous avons décidé de mettre en œuvre des accords contre la migration illégale et le terrorisme. Nous allons coopérer sur les deux fronts», affirme ce dirigeant toubou dans Corriere della Sera.
«Le gouvernement italien a pris note de nos besoins de développement: rétablir la sécurité, soigner nos blessés dans les hôpitaux italiens, mettre en place des centres de formation professionnelle, des bourses d'études pour que certains de nos garçons étudient en Italie. Vous voyez, nous avons tant de jeunes sans espoir qui gagnent de l’argent dans la migration illégale. Mais si vous leur donnez des perspectives différentes, ils cesseront.»
«L’accord prévoit la mise en place de formation professionnelle pour les jeunes afin de les éloigner de leur unique moyen de subsistance, la criminalité.» Reste à savoir comment tout cela va se mettre en place, d’autant que certaines tribus ont établi des liens avec des groupes djihadistes.
Renforcer l’action des gardes-côtes
L’accord signé début avril 2017 en Italie vise à rétablir le contrôle des frontières libyennes au sud comme au nord. Selon un quotidien italien, le gouvernement d’union nationale libyen (GNA), partie prenante de l’accord, aurait également demandé radars, embarcations, hélicoptères et véhicules tout terrain, pour 800 millions d’euros, afin de contrôler les frontières sud et les eaux territoriales.
Ces moyens auront pour but de compléter l’action des gardes-côtes au nord du pays. Actuellement, 90 gardes-côtes libyens achèvent leur formation sous l’égide de l’UE et de l’Italie.
«Une garde frontalière libyenne sera opérationnelle pour surveiller les frontières du sud de
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