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Des Libyens à Tunis pour former une «armée unifiée»: silence du général Haftar

La chute du régime Kadhafi a engendré une multitude de milices. L’ONU a réuni à Tunis, les forces libyennes pour arriver à créer une «armée unifiée». La mission s’annonce délicate, le général Khalifa Haftar ne compte pas se rallier.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le vice-Premier ministre libyen Fathi el- Mejbri à Tunis le 17 juillet 2016  (FETHI BELAID / AFP)
«La Libye ne peut être unifiée alors qu'elle compte plusieurs armées. Tous les problèmes de la Libye aujourd'hui sont liés à la situation sécuritaire. Et la seule issue, c'est une armée libyenne unifiée sous le commandement du Conseil présidentiel», affirme le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU et chef de Mission d'appui des Nations-Unies en Libye (MANUL), Martin Kobler. Si le constat est partagé par toutes les parties libyennes, la solution est loin de faire l’unanimité. Et certainement pas le général Khalifa Haftar, qui tient à garder son armée. «Je veux rencontrer le général Haftar, voir sa position et la comprendre. Je le contacte toutes les semaines pour fixer un rendez-vous, mais il n'a jusqu'ici pas accepté de me rencontrer», convient l’émissaire onusien.

 
La bataille de Syrte illustre la mésentente entre les forces loyales au gouvernement d'union nationale (GNA) et celles du général Khalifa Haftar. Les forces du GNA, soutenues par les Nations unies, ont lancé le 12 mai une offensive pour reprendre la ville, contrôlée par l'EI depuis plus d'un  an. Mais depuis le 9 juin elles piétinent dans la cité où elles assiègent les djihadistes. Bilan : 250 membres des forces gouvernementales tués et plus de 1.400 blessés, selon des sources  médicales à Misrata (200 km à l'est de Tripoli), siège du commandement de l'opération militaire. Le général Khalifa Haftar refuse de se joindre aux forces du GNA, ce qui reviendrait, selon lui, à en accepter l’autorité.
 
Absence d’autorité centrale. Le présentant spécial du Secrétaire général de l'ONU et chef de Mission d'appui des Nations-Unies en Libye (MANUL), Martin Kobler, constate l’impasse politique. Installé, il y a trois mois à la faveur d’un accord inter-libyen, le gouvernement d’unité nationale a encore du mal à unifier le pays. Il se heurte à la résistance des forces contrôlées par le général Haftar, basées dans l’Est. Pourtant, le bilan n’est pas complètement négatif. Le Premier ministre Fayez al Sarraj engrange des appuis militaires et politiques.

Une jeune Libyenne tient devant elle un portrait du général à la retraite Khalifa Haftar, lors d'un rassemblement en sa faveur fin mai 2014 à Benghazi, dans l'est de la Libye.  (AFP PHOTO / ABDULLAH DOMA)

 
Statistiques floues. Le chaos politique consécutif à la chute du régime de Mouammar Kadhafi a favorisé la constitution de plusieurs armées dans le pays. De nombreuses milices, dont notamment Ansar al-Charia proche d’Al Qaida qui a réussi à chasser l’Etat islamique de Derna, se disputent des territoires. Les forces du GNA quant à elles sont essentiellement composées de combattants des milices de la ville de Misrata. Elles sont soutenues par les Gardes des installations pétrolières (GIP) basées  dans le «Croissant pétrolier».
 
Le Premier ministre Fayez al-Sarraj entend s’imposer définitivement en Libye, après l’appui onusien et africain. Il sait aussi que crédibilité des GNA passe par une victoire sur l’EI à Syrte, mais aussi par le ralliement du général Khalifa Haftar. 

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