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Le Kenya plus que jamais divisé après l'élection présidentielle

Le Kenya est divisé, après une élection présidentielle boycottée par l'opposition. Plusieurs manifestants ont été tués ces dernières jours. 

Article rédigé par franceinfo - Sébastien Németh
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des affrontements ont eu lieu ce jeudi 26 octobre au Kenya, notamment dans le bidonville de Kibera, à Nairobi. (CITIZENSIDE/PETER OMBEDHA / CITIZENSIDE)

La commission électorale (IEBC) termine le décompte des voix exprimées lors de cette élection présidentielle chaotique, qui s'est déroulée ce jeudi. Le taux de participation est très faible : seulement 34,5% selon la commission, ce qui questionne d'ores et déjà la légitimité du président déjà en place, donné vainqueur, Uhuru Kenyatta.

Le scrutin a été boycotté par l'opposition. Le rival historique du chef de l'Etat, Raila Odinga, avait décidé de ne pas participer à ce qu'il a qualifié de "mascarade" électorale. Dans de nombreux secteurs, les partisans de la NASA, la coalition de l'opposition, ont bloqué les bureaux de vote.

Cette élection est une mascarade.

Un habitant du bidonville, favorable à l'opposition

à franceinfo

Des affrontements avec la police ont éclaté, comme au centre de vote Olympics, dans le bidonville de Kibera, à Nairobi. Une quinzaine de policiers chargent des manifestants en train de les caillasser, des membres de l'opposition ont érigé des barrières devant le centre de vote. "Je suis fier d'eux, il faut qu'on se batte pour une réforme électorale", approuve Calvi, un habitant du bidonville. "Nos chefs nous ont dit de ne pas voter car le processus est truqué." Son voisin, Marco, acquiesce : "Les gens expriment juste leur volonté, ils protestent contre les élections et le président. Donc pour moi, il n'y a rien de mal. Quelque chose de bien en sortira."

C'est le chaos ici, j'ai très peur.

Un agent électoral

à franceinfo

Pendant des heures, les policiers et les émeutiers s'affrontent. Les forces de l'ordre finissent pas prendre le contrôle du site. Les bureaux ont été centralisés dans une seule pièce, où les agents électoraux, terrorisés, sont restés terrés toute la journée. "C'est très dur. Je ne veux pas sortir et qu'on voit mon visage. Nos familles vivent ici. Avec nos enfants, on risque d'être des cibles. Si les gens nous reconnaissent, ils peuvent nous accuser d'être des traîtres. C'est effrayant mais je dois rester ici, je sers mon pays, et j'espère aussi avoir un petit peu d'argent. J'ai peur qu'on nous attaque car je suis d'ici et s'ils me reconnaissent, ils pourraient bannir ma maison ou me frapper. Je m'en remets donc à Dieu.

Sans relâche, les manifestants ont harcelé le centre. Le site a donc officiellement ouvert, mais au final, un seul électeur est venu voter.

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