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Au Kenya, des milliers d'adolescentes enceintes décrochent du système scolaire

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Après la fermeture de tous les établissements scolaires en mars 2020 en raison de la pandémie de coronavirus, beaucoup de jeunes filles livrées à elles-mêmes se sont retrouvées enceintes. Aujourd’hui, certaines ne peuvent plus retourner à l’école.

Si chaque année, des milliers d’adolescentes tombent enceintes au Kenya, le problème s'est encore aggravé avec le Covid-19 et la fermeture des écoles. Certaines jeunes filles ont pu trouver une aide au Refuge serein, un établissement ouvert en janvier 2021 à Nyeri, capitale de la Province centrale.

10 photos de Monicah Mwangi illustrent ce propos.

Selon l'Institut africain pour la politique de développement (Afidep), cité dans la longue enquête réalisée en décembre 2020 par "The Guardian", plus de 150 000 adolescentes seraient tombées enceintes entre janvier et mai 2020. Mercy Chege, directrice de programme à Plan International Kenya, citée sur France Culture,  ajoute : "De nombreux produits sanitaires, et notamment les serviettes hygiéniques, sont habituellement fournis gratuitement dans les écoles qui ont fermé. Ainsi, les jeunes adolescentes n'ayant plus accès à ces besoins élémentaires sont amenées à vendre leurs corps au plus offrant, parfois contre 15 shillings, un peu moins de 10 centimes d'euros, pour se payer une douche quotidienne dans une salle de bain publique."      (MONICAH MWANGI / REUTERS)
Le retour à l’école de ces jeunes filles risque d’être très difficile, car ces mères adolescentes sont au Kenya la cible de moqueries répétées. Déjà en août 2020, un reportage de l’AFP publié par franceinfoAfrique déclarait que dans la seule ville de Nairobi, près de 5 000 filles étaient tombées enceintes, dont plus de 500 n'étaient âgées que de 10 à 14 ans. Le ministère de l'Education a dû mettre en place un plan de réintégration dans les écoles et de véritables règlements pour permettre aux jeunes mères de poursuivre leur scolarité sans discrimination, alors que l'expression "Maman de bébé Covid" commence à se répandre.    (MONICAH MWANGI / REUTERS)
Evelyne Opondo, directrice Afrique du Centre pour les droits reproductifs, indique qu'il n'y a pas de preuves scientifiques liant la hausse des grossesses à l'épidémie. Pour autant, elle considère que les chiffres du ministère de l’Education ne constituent que "la partie émergée" du problème, car la plupart des jeunes filles ne font pas les démarches pour obtenir un soutien pré-natal. Il est, selon elle, probable que les grossesses ont augmenté depuis le début de la pandémie car les jeunes filles restent chez elle sans rien faire ou "s'engagent dans des relations destinées à leur permettre de survivre".     (MONICAH MWANGI / REUTERS)
Comme le précise franceinfo Afrique, les institutions religieuses et les mouvements conservateurs ont longtemps vu d'un mauvais œil tout effort pour promouvoir l'éducation sexuelle. En 2017, une analyse de l'institut de recherche Guttmacher a montré que si l’éducation sexuelle est officiellement dispensée au Kenya, son étendue est limitée et n'inclut pas, notamment, d'informations sur la contraception.      (MONICAH MWANGI / REUTERS)
En janvier 2021, près de 16 millions d'écoliers ont repris le chemin de l'école, mais le décrochage scolaire s'annonce massif. Dans certains établissements, l’absentéisme a atteint parfois 30%. Pour des milliers d’adolescents, l’instruction n’est désormais plus une priorité, ajoute RFI. Selon les données gouvernementales kényanes, dans une année normale, la stigmatisation et les problèmes d’argent obligent environ 13 000 filles enceintes à abandonner leur scolarité et cela devrait augmenter en 2021.    (MONICAH MWANGI / REUTERS)
Pour apporter un soutien à ces jeunes filles sans les juger, Elizabeth Wanjiru Muriuki, travailleuse sociale, a fondé le Refuge serein, un pensionnat pour les accueillir à Nyeri, dans le centre du pays. Ses portes ont ouvert en janvier 2021, en même temps que les autres écoles. Reuters est allé à la rencontre de ces jeunes femmes et de la directrice de cet établissement.    (MONICAH MWANGI / REUTERS)
Ici, 17 mères adolescentes et filles enceintes trouvent une seconde chance de terminer leurs études. Elles peuvent bénéficier d’un service de garde, d’une bibliothèque, de nombreux conseils, et entre les cours, elles peuvent sereinement allaiter leurs bébés.     (MONICAH MWANGI / REUTERS)
"Nous n'avons que trois bébés de plus d'un an. Le reste des bébés et le reste des grossesses se sont tous produits pendant la période Covid", a déclaré la directrice, elle-même ancienne mère-adolescente. Elle ajoute : "Il y a des filles qui arrivent totalement abattues. Elles ont l'impression que c'est la fin du monde. Je commence par leur raconter mon histoire... elles se sentent encouragées et se disent que si j’ai pu m’en sortir elles aussi le peuvent."     (MONICAH MWANGI / REUTERS)
L’une d’entre elles, une jeune fille de 17 ans enceinte de six mois, a raconté à Reuters qu'elle avait été agressée par un homme. Il lui avait promis de lui donner des cours pendant la fermeture des écoles. "Ma mère ne pouvait pas me laisser retourner en cours. Elle était inquiète car les autres seraient méchants ou se moqueraient de moi."    (MONICAH MWANGI / REUTERS)
Josephine Wanjiru est une autre pensionnaire du Refuge serein. Mère à 19 ans, elle n'a pas été scolarisée depuis deux ans. Mais grâce à ce lieu, elle pourrait réaliser son rêve de devenir infirmière. Une idée qu'elle avait abandonnée. Au sujet du Refuge, elle déclare à Reuters : "J'étais très excitée parce que je ne m'attendais pas à quelque chose comme ça."      (MONICAH MWANGI / REUTERS)

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