Guinée-Bissau : mystérieuse hécatombe de vautours
Les autorités ont recommandé aux populations d'éviter les contacts avec les cadavres des rapaces.
Pour une raison encore mystérieuse, des centaines de vautours sont morts ces derniers jours en Guinée-Bissau, ont indiqué les autorités le 25 février 2020. Ces dernières ont recommandé aux populations d'éviter les contacts avec les cadavres des rapaces pour écarter les risques de contamination dans l'attente des résultats d'analyses vétérinaires.
Des dizaines de vautours morts ont notamment été retrouvés aux abords de l'abattoir principal de Bissau, où ils rôdent habituellement en grand nombre pour se nourrir de déchets de viande, ont indiqué des ouvriers de l'établissement.
Le phénomène a touché depuis environ une semaine plusieurs régions de cette ancienne colonie portugaise d'Afrique de l'Ouest au climat tropical, notamment Bafata (est), Quebo (sud) et l'archipel des Bijagos (ouest), avant d'atteindre la capitale. "J'ai été avisé par des bouchers et la population de la découverte des carcasses de vautours. Au total, on en a dénombré une centaine, mais nous n'avons encore aucune source médicale ou vétérinaire pour nous donner les raisons (expliquant) autant de morts de vautours", a déclaré à la presse le gouverneur de la région de Bafata, Dundu Sambù.
Quelque 135 rapaces ont été incinérés le 24 février dans cette région, à l'écart des zones habitées et sous la surveillance des autorités sanitaires et de représentants de l'Etat, selon le site bissau-guinéen O Democrata. Cette source estime à plus de 240 le nombre de charognards morts ces derniers jours dans le pays.
Des prélèvements ont été effectués et seront analysés dans un laboratoire de Dakar, au Sénégal voisin, afin de déterminer s'il s'agit d'"une grippe aviaire ou non", a déclaré à l'AFP un responsable national des services vétérinaires. Les populations ont été invitées à empêcher les animaux domestiques de s'en approcher ou de s'en nourrir, a indiqué le gouverneur de Bafata, cité par O Democrata.
Dans les îles des Bijagos, au large de Bissau, où le vautour est un animal totem, des habitants ont sacrifié des poulets et répandu de l'huile de palme sur l'autel lors de cérémonies traditionnelles, a expliqué à l'AFP le fils d'un féticheur local. Ils entendent ainsi conjurer ce qu'ils estiment être une malédiction.
Un grand nombre de vautours menacés d'extinction
Selon le site associatif oiseaux.net, on trouve dans le pays cinq espèces de vautours : le vautour à tête blanche, le vautour africain, le vautour charognard, le vautour de Rüppell, le vautour percnoptère.
Six des 11 espèces de vautours vivant en Afrique sont menacées d'extinction, avait alerté en 2015 l'Union internationale pour la conservation de la nature, cité par Sciences et Avenir. Ces oiseaux "sont également victimes des traitements antibiotiques ingurgités par les animaux domestiqués", rapporte le site du journal. Autre menace : les braconniers qui empoisonnent les animaux (éléphants, rhinocéros...) qu'ils pourchassent pour leurs cornes. Car les vautours, qui sont des charognards, tournent autour des carcasses braconnées, pouvant ainsi révéler la présence des bandits.
Par ailleurs, ces rapaces sont "chassés pour le commerce (de) parties de leurs dépouilles pour la médecine traditionnelle", précise Sciences et Avenir.
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