Golfe de Guinée : la piraterie maritime se porte bien
Le Pantelena, battant pavillon panaméen, «a disparu des écrans» depuis le 14 août 2018 alors qu’il se situait à ce moment-là «entre les eaux du Gabon et de Sao Tome et Principe», selon une source militaire régionale. A Tbilissi, le ministère géorgien des Affaires étrangères a précisé qu'il y avait 19 marins à bord, 17 Géorgiens et deux Russes.
Construit en 2006 et d'une capacité de 7000 tonnes, le navire appartient à la société grecque Lotus Shipping.
«Nous avons reçu un message de détresse sur la radio et nous avons alerté la marine gabonaise», a indiqué sous couvert de l'anonymat un membre de l'équipage d'un navire naviguant entre Libreville et Port-Gentil, la capitale économique gabonaise.
Le Pantelena «a coupé le système de balise qui émet sa position», selon la source militaire régionale. «La première chose que font les pirates quand ils abordent un bateau, c'est couper cette balise», a ajouté cette même source. Mais, à ce stade, il est prématuré de parler d'acte de piraterie, car «cela peut être une simple panne de transmission», précise cette même source.
Pirates bien armés et violents
Avec plus de 5700 kilomètres de côtes, qui s'étendent du Sénégal à l'Angola sur 17 pays, le golfe de Guinée est devenu depuis 2016 l'épicentre de la piraterie maritime en Afrique : siphonnage de pétrole à bord de cargos détournés, pêche illicite, trafics en tous genres… Dans le même temps, dans le golfe d'Aden et au large des côtes somaliennes, le phénomène, un temps spectaculaire, a considérablement diminué à la suite du déploiement d'une armada militaire internationale.
Au cours des six premiers mois de 2018, 107 incidents impliquant des pirates ont été signalés dans la zone du golfe de Guinée, selon le Bureau maritime international (BMI). Sur la même période, six équipages de navire ont été kidnappés à travers le monde, tous dans cette zone. En 2017, 10 prises d'otages de 65 membres d'équipages au total ont été perpétrées au large du Nigeria.
Les pirates opérant près des côtes de ce pays, de celles du Togo ou du Bénin sont généralement bien armés et violents. Ils détournent parfois les navires pendant plusieurs jours, le temps de piller les soutes, et brutalisent les équipages, de moins en moins enclins à naviguer dans ces eaux. D'autres les relâchent après paiement d'une rançon. «On est passé du "bunkering" (vol de matériel sur un bateau) à une augmentation des prises d'otages contre rançon», avait expliqué à l'AFP en février 2018 le commandant d'un patrouilleur gabonais.
En février 2018, un pétrolier battant pavillon panaméen, avec 22 marins indiens et 13.500 tonnes de carburant à bord, avait ainsi été retenu pendant cinq jours par des pirates au large du Bénin. Le navire avait ensuite été relâché avec son équipage et sa cargaison.
La piraterie dans la zone, qui abrite les deux principaux pays producteurs d'or noir d'Afrique subsaharienne, le Nigeria et l'Angola, a sérieusement perturbé cette voie de transport maritime international. Et coûté des milliards de dollars à l'économie mondiale.
Face à ce phénomène et à celui de la pêche illicite, les 17 pays de la région, dont les capacités de surveillance et de défense maritime sont limitées et disparates, tentent de renforcer leurs moyens d'intervention et de mettre en place une collaboration régionale plus étroite, avec l'aide notamment des Etats-Unis et de la France. Ils ont ainsi signé en 2013 le «processus de Yaoundé» qui harmonise les pratiques dans le golfe de Guinée.
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