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Reportage "Il vient pour la forêt ou pour encore placer Ali Bongo ?" : au Gabon, des opposants critiquent la visite d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron entame ce mercredi une tournée de quatre jours en Afrique avec, au Gabon, un sommet pour la préservation de la forêt équatoriale, à moins de six mois d’une élection présidentielle.
Article rédigé par franceinfo - Jean-Sébastien Soldaïni
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Emmnauel Macron et Ali Bongo, le président du Gabon, sur le parvis de l'Élysée le 12 décembre 2017 (photo d'illustration). (ALAIN JOCARD / AFP)

Emmanuel Macron arrive en Afrique pour une tournée dans quatre pays : les deux Congo, l'Angola et le Gabon, où il atterrit mercredi 1er mars vers 19 heures. La présidence française y co-organise le "One Forest Summit", un sommet pour la préservation de la forêt équatoriale. Cette visite ne fait pas l'unanimité sur place car elle intervient à moins de six mois d'une élection présidentielle. La dynastie Bongo règne sur ce pays d'Afrique équatoriale depuis près d'un demi-siècle.

Lors de cette prochaine élection, Ali Bongo, le président en place, envisage un troisième mandat. Pour ses détracteurs, compte-tenu du passé et des liens entre la France et le Gabon, cette visite d'Emmanuel Macron n'est pas vue d'un bon œil. Kévin, un jeune technicien, se pose la question du but de sa venue : "Pour la forêt ou pour encore placer Ali Bongo ? Si Emmanuel Macron vient placer la famille Bongo, nous allons nous soulever. Le Gabon est un pays indépendant".

Pas de sentiment anti-français

Mais ce n’est pas la vision de tous les opposants. "Contrairement à ce que peut penser Ali Bongo, la présence d'Emmanuel Macron n'apportera pas une voix à qui que ce soit parce qu'un débat électoral sur une présidentielle se joue sur les questions de politique intérieure, affirme Jean-Gaspard NToutoume Ayi, vice-président du parti politique l'Union nationale (UN). Dans le pire des cas pour Ali Bongo, ça pourrait accroître le taux de participation à l'élection et ça jouerait contre lui." 

>> Quel avenir pour les bases françaises en Afrique ? 

En revanche, Jean-Gaspard NToutoume Ayi a des réticences pour l’après-élection, si les résultats viennent à être contestés comme à chaque scrutin récent. Ces réticences se basent sur les enseignements qu’il tire des précédentes élections présidentielles.

"En 2009, le consulat de France a été brûlé parce que les Gabonais avaient entendu Robert Bourgi, ami de Nicolas Sarkozy, qui affirmait qu'Ali Bongo était le candidat de la France, explique Jean-Gaspard NToutoume Ayi sur franceinfo. Mais François Hollande a été le premier président à faire un mandat entier sans venir au Gabon, de 2012 à 2017. À aucun moment, un Français n'a été inquiété en tant que Français, du fait de l'attitude de François Hollande. Ma crainte, c'est qu'on risque d'avoir une situation proche de 2009, où les Français seraient pointés du doigt par une population en colère à cause du voyage d'Emmanuel Macron au Gabon. "

D’autant qu’il n’y a pas de sentiment anti-français aujourd’hui au Gabon, certaines personnes n’approuvent pas mais il n'existe rien qui, jusque-là, soit de nature à générer du rejet.

Les opposants au Gabon critiquent la visite d'Emmanuel Macron : reportage de Jean-Sébastien Soldaïni

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