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Vidéo Accusations de meurtres et de viols, pollution... En Tanzanie, le projet "Green Blood" a enquêté sur les agissements troubles d'une mine d'or

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La mine d'or de Nord Mara
La mine d'or de Nord Mara La mine d'or de Nord Mara (J. GIRAUDAT, A. BOUVART, A. MARANT, D. CHEVALIER / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions

En dix ans, 13 journalistes enquêtant sur des sujets liés à l'environnement ont été assassinés partout dans le monde. Une équipe de 40 journalistes a repris leur travail avec le projet intitulé "Green Blood". En Tanzanie, ils ont donné la parole aux victimes d'une mine gérée par une entreprise britannique.

Au cœur d'une des régions les plus fertiles de Tanzanie se trouve un trou béant : la mine d'or de Nord Mara. Comme d'autres journalistes enquêtant sur des sujets liés à l'environnement, les reporters qui se sont intéressés à ce qui se passe derrière ses murs ont été menacés, censurés, contraints à l'exil. Une équipe de 40 journalistes a repris leur travail avec le projet "Green Blood", dont les enquêtes seront diffusées dans les mois à venir sur France Télévisions.

Des confrontations entre villageois et gardes

Dans la région de la mine de Nord Mara ne restent plus que les villageois. Avant la privatisation, chaque famille exploitait son petit filon. Privés de ces terres, les voilà désormais sans ressources. "On n'a aucun moyen de gagner de l'argent, on n'a pas de champs et la mine ne donne pas de travail aux jeunes ici", explique l'un des habitants, Monchena Mwita. Alors chaque soir, ils essayent de grappiller quelques pépites. Face aux gardes et à la police, équipés d'armes automatiques, la confrontation est parfois sanglante. Elle aurait causé une vingtaine de morts en cinq ans d'après plusieurs associations, un chiffre contesté par l'entreprise minière.

Lucia Marembela fait partie des victimes. La mine lui a versé 7 000 euros en l'échange de l'abandon de ses poursuites contre des gardes qui l'auraient violée.
"Les gardes faisaient ça régulièrement", affirme-t-elle.

Quand ils nous attrapaient, nous on les suppliait. On leur expliquait qu'on était obligées d'entrer dans la mine, qu'on n'avait pas le choix, mais ils répondaient que ça faisait trop longtemps qu'ils n'avaient pas touché une femme.

Lucia Marembela, villageoise

Elle dit avoir été violée à deux reprises. "Après j'ai eu trop peur d'y retourner, confie-t-elle. Chaque fois que j'y repense, ça me fait mal."

Nitrite, arsenic, métaux lourds...

Dans les villages alentour, des dizaines de personnes mutilées ont été victimes des confrontations à répétition avec les forces de sécurité. Mais la mine serait aussi la source d'un mal invisible. Des fuites de nitrite, d'arsenic et de métaux lourds ont été observées dans les cours d'eau voisins. Serait-ce la cause des maladies de peau récurrentes dans la région ? Le docteur Mark Nega s'en inquiète. "Tout autour de la mine, on a soigné des patients atteints de maladies de la peau, explique-t-il. C'est très douloureux pour eux. Si c'est pris en charge, on peut les guérir en trois mois mais ils garderont des cicatrices."

Les propriétaires de la mine se fichent des gens qui vivent là.

Mark Nega, médecin

Contacté, l'opérateur de la mine, le britannique Acacia affirme préparer la construction d'un nouveau bassin de stockage des eaux usées. La Tanzanie vient de lui imposer une amende pour pollution s'élevant à deux millions d'euros. Le groupe extrait sur ces lieux chaque année 10 tonnes d'or, pour une valeur de 450 millions d'euros.

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