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Timipre Sylva, ministre nigérian du Pétrole : "Nous voulons nous appuyer sur le gaz pour faire notre transition vers le renouvelable"

Le Nigeria, plus grand producteur de pétrole en Afrique, ne fait pas mystère de sa position en matière de transition énergétique.

Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le ministre nigérian du Pétrole, Timipre Sylva, arrivant à la 177e réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à Vienne, en Autriche, le 5 décembre 2019. (JOE KLAMAR / AFP)

Le Nigeria ne compte pas renoncer au fossile de sitôt. Il compte notamment sur un combustible fossile propre, le gaz naturel. Le président Muhammadu Buhari a fait connaître la position de son pays (lien en anglais) à l'ouverture de la COP26 qui s'achève le 12 novembre à Glasgow. Faibles emetteurs de carbone mais en déficit énergétique quasi chronique, nombreux sont les pays africains qui comptent encore se reposer sur les énergies fossiles alors que la pression monte sur le continent et dans le monde pour réduire les financements dans ce secteur. La France vient de rejoindre un accord dans ce sens annoncé pendant la COP26. Le Nigeria a la parade : il promeut une banque africaine de l'énergie. Comment Abuja envisage sa transition énergétique ? Réponses avec le ministre du Pétrole, Timipre Sylva, de passage à Paris à l'occasion d'un forum de promotion des investissements dans son pays qui s'est tenu le 10 novembre 2021.

franceinfo Afrique : vous prônez une transition énergétique qui se ferait par étapes, et les énergies renouvelables n'en sont pas la première. Expliquez-nous la position du Nigeria ?

Timipre Sylva : nous sommes bien évidemment intéressés par le développement des énergies renouvelables mais nous devons bénéficier d’une trajectoire spécifique. Pour nous, la transition énergétique ne rime pas avec énergies renouvelables mais plutôt d'aller vers des énergies plus propres. Il y a des technologies aujourd’hui que nous pouvons utiliser pour une exploitation plus propre des énergies fossiles. Approfondir la maîtrise de ces technologies est une piste pour l'avenir. Nous voulons nous appuyer sur le gaz pour faire notre transition vers le renouvelable. Soyons réalistes, nous ne sommes pas ceux qui émettent le plus de carbone. Aujourd’hui, quand on parle d’émissions de carbone, ce n’est vraiment pas une préoccupation pour les Africains parce que ce que nous émettons est même en deçà des objectifs fixés pour 2030-2040. Nous demandons qu’on nous laisse assurer notre approvisionnement énergétique de base avec le gaz qui est un combustible propre dont nous disposons en abondance. Evidemment, nous développerons en parallèle les énergies renouvelables parce que nous sommes déterminés à atteindre zéro émission nette en 2060.

Que fait aujourd'hui le Nigeria, où les scandales sont nombreux dans ce domaine, pour limiter les dégâts liés à l'exploitation du pétrole ?

La combustion des torchères (le gaz est séparé du pétrole et il est brûlé comme un déchet sur les sites d'extraction, NDLR) a été le principal responsable de nos émissions de carbone. Avant la fin de l'année, il n’y aura plus de torchage de gaz au Nigeria parce que nous sommes en train de le commercialiser. Nous sommes également en quête de partenaires internationaux pour travailler sur les technologies pour une exploitation plus propre des énergies fossiles. Nous recherchons aussi bien la technologie que les financements.

Les revenus générés par le pétrole ne vous permettent-ils pas d’y parvenir tout seul ?

Nous avons une partie de l'argent, mais pas tout l'argent.

Le Nigeria souhaite la création d’une banque africaine de l’énergie pour financer les investissements dans les énergies fossiles alors qu’il y a une pression dans le monde et en Afrique pour réduire les financements dans ce secteur. Où en êtes-vous et pourquoi une telle institution est-elle nécessaire pour vous ?

Les négociations viennent juste de démarrer. Nous souhaitons nous appuyer sur l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO) pour discuter de la faisabilité de la mise en place d’une banque africaine de l’énergie pour financer le secteur en Afrique. L’Europe veut nous contraindre à nous diriger vers le renouvelable. Mais sommes-nous aujourd’hui en position de nous tourner vers ces énergies ? Nous voulons nous développer et fournir de l’énergie à tous les Africains qui n’en disposent pas et il y en a beaucoup. Pouvons-nous aujourd’hui assurer notre approvisionnement de base en nous appuyant sur les énergies renouvelables ? C’est peu probable et c’est la raison d’être de cette initiative.

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