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La déforestation, responsable du glissement de terrain meurtrier de Freetown

500 personnes enterrées, autant sont toujours portées disparues. Voilà pour le bilan, glacial, du glissement de terrain qui a frappé la capitale de la Sierre Leone le 14 août 2017. Une catastrophe que certains observateurs ont qualifiée de «prévisible». Et en effet, le drame illustre les excès de la déforestation et de l’urbanisation sauvage.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
  (SEYLLOU / AFP)

Il y a d’abord le lieu : Freetown, une ville coincée entre l’océan Atlantique et les collines escarpées. Un article de Inter Press Service, daté de 2011, dresse le décor. «Sur les collines autour de la ville, des maisons s'accrochent aux pentes raides.» Plus loin, un habitant, Ibrahim Conteh, parle de la vie quotidienne dans ces bidonvilles. «De fortes pluies peuvent tomber et couler simplement à travers les maisons et entraîner des accidents». C’est exactement ce qu’il s’est passé le 14 août.
 
Le développement anarchique de la ville, accrochée à la colline, a fragilisé les lieux. Plus d’arbres pour retenir la terre, plus de végétation pour ralentir l’eau. Et quand la pluie devient diluvienne, le sol cède. «Davantage de personnes abattent des arbres pour faire place à des maisons faisant craindre des glissements de terrain et d’autres calamités, étant donné que le développement évolue sans contrôle jusqu'aux flancs des montagnes» poursuit l’article.
 

Freetown n’est pas un cas isolé. Ainsi, le 16 août 2017, un glissement de terrain a tué quarante personnes dans un village de pêcheurs de la République démocratique du Congo, situé sur les rives du lac Albert. Le département de la Politique fédérale de Belgique (BELSPO) travaille sur des stratégies de lutte contre les glissements de terrain dans la zone équatoriale africaine.

Il y a très peu de données tant sur la survenue, l’exposition aux risques ou les conséquences des glissements de terrain. Les responsables de l’étude affirment que le nombre de victimes lors de ces catastrophes va augmenter dans les années à venir. La conséquence de la pression démographique dans des zones à risque, de la déforestation, et du changement climatique. Car dans le Tiers-Monde, un milliard de personnes vivent dans des villes, dans des logements insalubres et sans accès aux services de base.
 
La déforestation principal coupable
A la base, les arbres protègent les sols, en réduisant l’érosion hydrique ou éolienne, et en stabilisant la terre grâce au maillage des racines. Un sol dénudé ne retient plus l’eau, qui s’écoule en masse et ravine les pentes. Une mécanique infernale, comme l’explique le site zéro déforestation : «L’érosion accentue donc le ruissellement, car sur un sol érodé l’eau glisse plus facilement. Mais le ruissellement accentue aussi l’érosion : l'eau qui s'écoule entraîne avec elle le sol».
 
Couper des arbres pour survivre
Il y a la déforestation à grande échelle. Elle vise au commerce du bois mais aussi à l’extension des zones agricoles. L’Afrique est ainsi surtout concernée par la plantation de palmiers à huile. Mais la déforestation est aussi l’œuvre de fermiers pauvres qui défrichent des lopins de terre à cultiver. Dans un précédent article, nous évoquions ainsi le sort de la forêt de Madagascar, victime de la culture sur brûlis. Et quand on ne défriche pas pour planter, c’est pour cuisiner que les hommes fabriquent du charbon de bois.
 
Les spécialistes s’accordent à dire que le réchauffement climatique va accroitre les pluies diluviennes et les dégâts qui vont avec, que ce soit des inondations destructrices ou des glissements de terrain. Les populations les plus pauvres seront fatalement les plus impactées.

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