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Jaco, le perroquet gris du Gabon victime du trafic malgré l’interdiction

Au marché noir, il peut coûter de cinq cents euros jusqu'à deux ou trois mille euros. Jaco, le perroquet gris du Gabon, est très prisé par les collectionneurs et les trafiquants. Cette espèce en voie d’extinction fait toujours l’objet d’un trafic illégal très lucratif malgré l’interdiction de son commerce par la convention de Washington de 1976.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Jaco, le perroquet gris du Gabon, fait partie des espèces menacées. (Photo AFP/Didier Bergounhoux)

Ils sont arrachés par milliers à leur habitat naturel pour alimenter le marché noir. Les perroquets gris du Gabon, une espèce menacée, ne sont pas épargnés par le trafic illégal de la faune africaine qui continue à faire des ravages.

Jaco a pourtant été placé comme espèce protégée, au même titre que les éléphants, sur la liste de la CITES des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction.

«Ces animaux sont très sociables, ce qui joue en leur défaveur, car ils se laissent approcher facilement et descendent par nuées dans les clairières. Les braconniers les ramassent par douzaines. Ils utilisent aussi des pièges et des appâts enduits de glu qu’ils accrochent aux branches des arbres», explique la primatologue Cintia Garai, très impliquée dans la sauvegarde de ces oiseaux.

De la colle végétale en guise de piège
De la colle végétale en guise de piège pour capturer les perroquets. C’est la méthode utilisée par les Congolais qui s’adonnent à ce trafic. Ils se sont confiés au site d’information InfoCongo, spécialisé dans les questions d’environnement.

«Nous avons des grimpeurs qui placent des colles végétales sur de gros arbres. Ces colles sont des pièges pour perroquets puisqu’au contact avec celles-ci, ils ne savent plus voler», explique un membre du réseau.

Les perroquets sont ensuite enfermés dans de petites cages et convoyés vers un aéroport d’où ils partiront par avion à destination de l’Europe, du Moyen-Orient ou d’Asie.
Selon l’enquête réalisée par Info Congo, l’aérodrome de Ndolo, dans la région de Kinshasa, serait l’une des voies de sortie des perroquets gris capturés illégalement dans les forêts de l’ouest du pays.

Sur le marché noir, le perroquet gris peut coûter jusqu'à trois mille euros. (Photo AFPM/Paul Chatagnon)

Des petits animaux qui rapportent gros
Officiellement, aucun pays européen n’autorise le commerce des perroquets gris d’Afrique sur son territoire. C’est le cas en France où les services des douanes veillent au grain. Ce qui n’empêche pas que le fameux Jaco passe entre les mailles du filet.

«L’importation est interdite, mais ça passe encore en bagages à main. On les ramène d’Afrique endormis dans des sacs placés en soute d’avion. Malheureusement, certains sont déjà morts à leur arrivée. Mais l’importation en lot, ça ne passe plus. Le dernier cas qui m’a été signalé concernait 150 perroquets placés dans la soute d’un avion à l’aéroport de Roissy. Comme c’était en plein hiver, ils sont morts de froid», explique Anne Boisset, directrice de l’Association française de sauvegarde des perroquets, au micro de France Culture.

Recherché pour ses qualités «de haut-parleur»
Si le trafic du perroquet gris perdure, c’est parce que ce petit animal peut rapporter gros. Sur le marché noir, le perroquet jaco peut couter de cinq cents jusqu’à deux ou trois mille euros. Des sommes importantes que les amoureux de ce perroquet n’hésitent pas à débourser pour ses qualités physiques et psychologiques.

«C’est un beau parleur. Il est recherché parce que c’est un excellent parleur. Il a une intelligence d’un enfant de quatre ans. On peut jouer avec lui. Il est capable dans des situations données de compter», explique Anne Boisset.

Réputé intelligent, le perroquet gris du Gabon doit son succès aussi à son excellente compagnie et à sa remarquable habileté à reproduire parfaitement les sons, y compris la voix humaine. Il est considéré comme très affectueux et très attachant. Autant de qualités qui contribuent malheureusement à sa perte.

Selon le site d’information Gabon Review, quelque deux à trois millions de perroquets gris du Gabon ont été exportés au cours des quarante dernières années. Ce qui a contribué rapidement à leur disparition. Le site explique aussi ce déclin par la déforestation massive qui a décimé leur milieu naturel.

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