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Ethiopie: une usine de valorisation des déchets pour produire de l'électricité

Une usine de valorisation des déchets et de production d'électricité a été inaugurée le 19 août 2018 à Addis Abeba. Juste à côté de cette installation, dans la principale décharge à ciel ouvert de la capitale éthiopienne, un éboulement avait fait plus de 110 morts en 2017. L’Ethiopie a lancé un vaste plan visant à quadrupler sa production énergétique d’ici 2020.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'usine de valorisation de déchets Reppie à Addis Abeba (Ethiopie), inaugurée le 19 août 2018 (AFP - MINASSE WONDIMU HAILU / ANADOLU AGENCY)

Cette nouvelle usine, baptisée Reppie Waste to Energy Facility (installation de valorisation des déchets en énergie), est la première du genre en Afrique, selon l'entreprise britannique Cambridge Industries qui l’a construite. L’installation a également été développée par la Chine National Electrical Engineering Company, rappelle La Tribune Afrique.
           
Reppie, dont la construction avait débuté en 2014, a coûté environ 118 millions de dollars, entièrement financés par les autorités éthiopiennes. Elle est située juste à côté de la décharge de Koshe, qui s’étend sur 5,3 ha. Le nom signifie Koshe signifie «sale» en argot amharique, principale langue du pays.
           
Koshe est depuis plus de 40 ans le principal lieu d'entreposage des ordures d'Addis Abeba, capitale de plus de 4 millions d'habitants à la croissance démographique galopante. Une décharge, mise en place dans les années 60 et qui est aujourd’hui complètement saturée. En mars 2017, un immense éboulement y avait tué plus de 110 personnes. A l’époque, les chiffonniers avaient attribué la catastrophe aux travaux de terrassement pour construire l'usine d'incinération.

Reppie devrait permettre d'incinérer 1400 tonnes de déchets solides par jour. La vapeur, dégagée par la combustion des déchets, devrait aussi permettre de faire tourner des turbines de production d'électricité pour une puissance affichée de 25 mégawatts.
           

Le «barrage de la grande Renaissance» en construction dans l'Etat de Benishangul Gumuz (ouest de l'Ethiopie). Photo prise le 31 mars 2015. (REUTERS/Tiksa Negeri/Files)

De l’énergie, oui, mais verte
«L'Ethiopie a investi massivement dans l'hydroélectrique, la géothermie, l'éolien et à présent la biomasse pour soutenir (le développement de) son secteur manufacturier avec une énergie verte et renouvelable», s'est félicité le président éthiopien Mulatu Teshome. «Le gouvernement éthiopien espère qu'avec ce projet, il pourra transformer la menace croissante des déchets en milieu urbain en une aubaine économique», a-t-il ajouté.

L’Ethiopie, qui a l’un des plus forts taux de croissance au monde (7,5 % en 2016, 8,3% attendus en 2017) et une population estimée à 102 millions d’habitants (en 2016), a d’importants besoins énergétiques. L’énergie est ainsi au cœur de son plan quinquennal de développement 2015-2020. Objectif: plus que quadrupler la production d’ici 2020. Ne disposant pas d’hydrocarbures sur son sol, Addis Abeba entend devenir «le leader africain» dans la production de renouvelables, selon RFI.

Elle a donc investi «dans la construction de plusieurs grands barrages, en dépit parfois de vives tensions avec les autres pays de la région», notamment l’Egypte, rapportait Le Monde dès 2011. Parmi ces ouvrages, le «barrage de la grande Renaissance éthiopienne», dont la construction a commencé en 2012 sur le Nil Bleu, à la frontière avec le Soudan. Et dont le directeur a été retrouvé mort en juillet 2018. «Il est la quatrième personne à avoir trouvé la mort sur ce projet», rappelait alors Géopolis.

Les ouvrages hydrauliques sur le Nil fournissent déjà quelque 90% de la production électrique du pays. Le pays a investi dans l’éolien avec, notamment, la centrale d’Adama II, «plus grande ferme éolienne d’Afrique subsaharienne», selon L’Obs. Il entend développer la géothermie grâce à l’énergie souterraine fournie par l’activité volcanique dans la vallée du Rift (qui s’étend de la mer Rouge à la Tanzanie). En décembre 2017, Addis Abeba a signé un accord pour la construction de deux centrales géothermiques dans cette vallée, au sud de la capitale. Coût de construction estimé : 4 milliards de dollars, selon l’agence Ecofin.

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