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Changement climatique: le Sahel, bientôt du manque d'eau au trop-plein ?

Alors que les chances de limiter le réchauffement de la planète à + 2°C, objectif fixé par la COP21 de Paris, sont pratiquement inexistantes selon des scientifiques américains, il apparaît quasi certain à des climatologues allemands qu'une forte hausse de la température, loin d'assécher la bande du Sahel déjà envahie par le désert, va provoquer dans la zone des arrivées d'eau massives.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Inondations dans le Sahel près de Gorom Gorom au Burkina Faso, après de fortes pluies en avril 2017. (PHILIPPE ROY / Aurimages)

A rebours de l'idée généralement admise et d'autres théories sur la stérilité grandissante du Sahel, frontière entre le sud du Sahara et la savane sur toute la largeur du continent africain, des chercheurs du PIK (Potsdam Institute for Climate Impact Research) affirment, projections à l'appui, que le climat de cette vaste zone de 5 millions de km² va passer, à mesure du réchauffement, d'un climat semi-aride à un climat tropical, donc très humide.

Pour appuyer leur thèse, ils ont utilisé des simulations numériques qui ont montré la survenue de plus en plus fréquente et imprévisible de pluies diluviennes, cela dès la barre du 1,5°C supplémentaire franchie.

Le volume pluviométrique pourrait selon l'étude augmenter jusqu'à 300% dans un monde en dérèglement progressif.

Une évolution déjà perceptible
Parmi les pays que traverse la ceinture écologique fragile du Sahel, le Mali (surtout le centre du pays), le Niger et le Tchad pourraient recevoir autant d'eau que le nord du Cameroun ou le centre du Nigeria aujourd'hui, des régions soumises à un climat tropical.

Selon une étude allemande, le Sahel pourrait progressivement passer d'un climat semi-aride à un climat tropical, à cause du réchauffement climatique. (CC BY-SA 3.0)

Cette évolution, déjà perceptible lors d'orages de plus en plus fréquents et destructeurs, est liée au réchauffement des océans voisins. Le phénomène génère une évaporation plus forte qu'auparavant, tandis que les vents de mousson venus de l'Atlantique se renforcent et se décalent vers le nord.

«Un défi d'adaptation majeur»
La pluie, en tombant, relâche à son tour de la chaleur, transformant le processus en cercle vicieux. Autrement dit, un mécanisme d'auto-amplification dû à l'augmentation de la température terrestre.

«Bien que franchir ce point de bascule puisse être potentiellement bénéfique [pour le climat de la région], le changement pourrait être si énorme que cela serait un défi d'adaptation majeur pour une région déjà instable», souligne le PIK dans un communiqué.

En particulier pour l'agriculture de cette zone sensible et pauvre. Les pluies, en devenant plus violentes, inondent, ravinent les sols et ravagent les cultures. Quant à la population, évaluée à 110 millions de personnes, elle subirait de plein fouet la transformation radicale du paysage.

Rien ne dit pour l'instant dans l'étude allemande si le Sahel, qui en arabe signifie «rivage», pourra reverdir durablement et retrouver la végétation luxuriante d'avant la grande sécheresse des années 1970-1973.

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