Cet article date de plus de deux ans.

Egypte : le meurtre d’une étudiante illustre la "nette hausse" des violences faites aux femmes

Une universitaire, une journaliste et une adolescente ont trouvé la mort ces derniers mois dans un contexte de violences sexistes.

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La mère de Naira Ashraf (à droite), au procès du meurtrier de sa fille, une jeune étudiante de 21 ans poignardée à mort pour avoir refusé les avances d'un homme. (KHALED DESOUKI / AFP)

Deux meurtres et un suicide. Dans les trois affaires, les victimes sont des femmes harcelées. Leur mort a suscité une vive émotion en Egypte où les violences sexistes sont en augmentation, comme le souligne un rapport récent publié par une ONG .

Une étudiante poignardée

Le meurtre de Nayera Ashraf, le 19 juin dernier a provoqué un choc en Egypte. L'étudiante de 21 ans a été poignardée à plusieurs reprises en plein jour devant son université, à Mansoura, à 150 kilomètres au nord du Caire. Des images de la scène ont été diffusées sur internet. L'auteur n'est autre qu'un camarade de classe qui n'a pas supporté qu'elle rejette ses avances et sa demande en mariage. Il a été condamné à mort pour "meurtre avec préméditation". La victime avait déposé plusieurs mains courantes après avoir été menacée et harcelée.

(Traduction : "Le problème du monde arabe.") 

Une journaliste tuée

Un autre féminicide a eu lieu également au mois de juin. Il s'agit cette fois-ci d'une journaliste de 42 ans. Shaima Gamal a été retrouvée enterrée dans une villa plusieurs jours après sa disparition. Son mari, magistrat, est désormais le principal suspect. Il a été arrêté suite au témoignage d'un homme ayant reconnu avoir "participé" au meurtre. L'affaire qui n'a pas encore été jugée a fait grand bruit en Egypte avec, comme à chaque drame, des commentaires sur les réseaux sociaux pour demander que justice soit faite.

(Traduction : "Nous demandons justice pour Shaima Gamal.") 

Une adolescente harcelée

La troisième victime de violences sexistes est une lycéenne. Basant Khaled, 17 ans, s'est suicidée en janvier dernier, après la mise en ligne de fausses photos d'elle dénudée. Une honte absolue dans une société particulièrement conservatrice. Le photomontage et le chantage étaient l'œuvre d’un adolescent qui voulait sortir avec elle. En mars dernier, il a été condamné à cinq ans de prison avec sursis par la justice. Ce drame a lui aussi suscité une vague d'indignation en Egypte où les violences faites aux femmes sont en "nette augmentation", comme le souligne une étude de la Fondation Edraak (lien en anglais) pour le développement et l'égalite.

(Traduction : "Les filles égyptiennes sont opprimées. (...) Elles vivent dans la peur et la soumission. #JusticePourBasantKhaled.")

Des femmes arrêtées pour "diffamation"

Plus de 800 crimes fondés sur le genre ont été commis en 2021 en Egypte. Un chiffre qui a doublé par rapport à l’année précédente. Le décompte comprend les meurtres, les tentatives de meurtre, les coups et blessures, les harcèlements et les suicides.

Malgré les violences généralisées dont sont victimes les femmes et les filles en Egypte, les autorités ne prennent toujours pas de mesures adéquates pour les prévenir, et les enquêtes judiciaires ne sont pas satisfaisantes, selon Amnesty international. Pire, les femmes qui font campagne contre les violences sexistes sont arrêtées, accusées de diffamation et détenues arbitrairement, constate l'organisation.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.