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Tensions Algérie-Maroc: le commerce entre les deux pays transite par Marseille

En raison des relations tendues qu’entretiennent le Maroc et l’Algérie, une partie du commerce entre les deux frères ennemis transite par Marseille et les autres ports de la Méditerranée. La fermeture de la frontière terrestre, depuis 1994, a favorisé un flux intense de contrebande. Cette frontière de plus en plus hermétique est un frein au développement économique de la région.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le porte-conteneurs Balzac entre dans le port de Marseille. (BORIS HORVAT / AFP)

Le Maroc et l’Algérie ont rompu leurs relations commerciales en 1994. L’imposition d’un visa aux ressortissants algériens, suite à l’attentat de l’hôtel Asni de Marrakech, le 24 août 1994, a été le départ d’une crise diplomatique entre les deux pays. Le conflit sur la question du Sahara occidental explique également la crise politique permanente opposant Rabat et Alger.

Conséquence : la frontière terrestre entre le Maroc et l'Algérie est officiellement fermée depuis 1994. Mais les échanges économiques se sont poursuivis plus ou moins clandestinement. Selon les chiffres de l’Office des changes marocain, les exportations marocaines vers l’Algérie (fils et câbles électriques, produits alimentaires et phosphates) atteignaient 250 millions de dollars en 2013. Le Maroc étant alors le 11e client mondial de l’Algérie.
La même année, Alger avait exporté vers son voisin pour 1,07 milliard de dollars. Des exportations constituées à plus de 95% d’hydrocarbures.

Mais début 2016, la crise politique entre les deux pays s’est aggravée et de hauts grillages ont été érigés le long de la frontière, la rendant encore un peu plus hermétique.
Pour autant, les échanges commerciaux ne sont pas totalement rompus. Ils transitent par Barcelone ou Marseille. Le passage par un port de la Méditerranée, permet de masquer l’origine des produits, leur donnant une certaine légalité.
 

Itinéraire conseillé pour aller de la ville d'Oujda (Maroc) à celle de Tlemcen (Algérie)


Les tomates font 2000 km
60 km sépare la ville marocaine d’Oujda à la ville algérienne de Tlemcen mais les tomates ou les poivrons feront, eux, 2000 km pour aller d’une ville à l’autre.
 
L’Agérien Wadia Ait Hamza s’indignait lors du Forum économique mondial : «Les produits marocains au lieu de transiter directement vers l'Algérie, doivent passer par le port de Marseille, ce qui renchérit les prix pour les consommateurs».

Bien sûr, les chiffres officiels des deux pays ne prennent pas en compte les produits issus de la contrebande, dont les quantités sont par définition difficilement estimables.

Verrouillage frontalier oblige, les seules marchandises qui traversent la frontière terrestre entre le Maroc et l’Algérie suivent les circuits illégaux : voitures (ou ânes) bourrées de bidons d’essences d’un coté, de haschich de l’autre. La gendarmerie algérienne indique avoir saisi 67 tonnes de kif en 2016, provenant du nord du Maroc.



L'échec de Intégration économique
Au lien d'importer d'Europe nombre de produits ou de se concurrencer, les pays du Maghreb devraient collaborer, recommande l'économiste Wadia Ait Hamza. Surtout que leurs économies sont assez complémentaires. Riches en ressources pétrolière et gazière pour l'Algérie, fort secteurs agricole et industriel pour le Maroc.
Selon un rapport de la Banque Mondiale, l'intégration économique du Maghreb aurait pu augmenter le PIB par habitant de 34% pour l'Algérie, 27% pour le Maroc et 24% pour la Tunisie, entre 2005 et 2015.
 
 
 

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