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Le Zimbabwe interdit une mine de charbon dans la plus grande réserve naturelle du pays

Les 45 000 éléphants du parc du Hwange ont gagné. Le gouvernement recule et interdit finalement les exploitations minières dans tous les parcs naturels du pays.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le parc national de Hwange regroupe la plus grande population d'éléphants du Zimbawe. 45 000 pachidermes y vivent. (TESNI WARD / BIOSPHOTO)

Le gouvernement du Zimbabwe a fait marche arrière dans le dossier de l'exploitation d'une mine de charbon dans la réserve naturelle de Hwange, dans l'Ouest du pays. Non seulement il a abandonné le projet, mais il a aussi spectaculairement interdit toute exploitation minière dans les réserves avec effet immédiat. Cela constitue une grande victoire pour les écologistes qui s'inquiétaient du devenir de la plus importante réserve du pays, qui abrite notamment 45 000 éléphants.

La Chine à la manœuvre

Une décision qui coupe court à une polémique qui enflait. La veille de l'annonce, l'Association des avocats environnementaux du Zimbabwe (ZELA) avait déposé une pétition estimant que "l'opération d'une mine dans un parc naturel protégé contrevient au devoir constitutionnel d'empêcher les dégradations écologiques et de promouvoir la préservation" de l'environnement.

(Traduction: "Une grande victoire pour la biodiversité, mais beaucoup de questions demeurent sans réponse.")

La licence d'exploitation avait été accordée en 2015 au groupe minier Zimbabwe Zhongxin Coal Mining group, un consortium entre un groupe chinois et une firme nationale. Entre les puits, les routes et les zones de vie, le projet situé en plein cœur du parc national devait s'étendre sur 105 km². Qui plus est, dans l'un des deux secteurs densément boisés du parc.

Un havre pour le rhinocéros noir

Un château d'eau qui comporte de nombreuses sources, des barrages et des bassins naturels. "C'est le seul habitat de la région pour le rhinocéros noir", affirme le Hwange Area Stakeholders, un regroupement d'opérateurs de safaris et d'associations de protection de l'environnement. La moindre pollution aurait fatalement impacté la ressource en eau de la faune, déjà mise à mal par une très forte sécheresse.

La décision d'interdire la concession devenait urgente car la compagnie venait de commencer les travaux préparatoires, notamment d'étude des sols. "C'est une bonne nouvelle, commente le site internet spécialisé Mining Zimbabwe. Mais il n'y a rien dans le code minier qui considère cela comme illégal." "Si le gouvernement est sincère en matière de protection de l'environnement, il doit changer les lois et non agir par communiqué de presse."

Charbon contre tourisme

Car nul doute que la tentation est grande d'exploiter les ressources minières du pays, en particulier le charbon. Les réserves sont estimées à 12 milliards de tonnes. Or, le pays connaît un déficit chronique de sa production électrique. Pour tenter de le résoudre, deux nouvelles centrales vont être construites d'une puissance cumulée de 600 MW. Des centrales au charbon construites par la Chine qu'il faudra bien alimenter.

Privilégier l'économie du tourisme en protégeant les parcs, tout en assurant le développement industriel est un exercice particulièrement délicat. Cette fois, en interdisant toute exploitation dans les parcs, le gouvernement a fait le choix de l'environnement et donc du tourisme. Pourtant, en 2019, il a accordé onze permis d'exploitation aurifère le long des rivières du pays.

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