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Ebola : la fin de l'épidémie est-elle proche ?

Plusieurs pays ont annoncé avoir franchi un cap dans la lutte contre la fièvre hémorragique qui ravage l'Afrique de l'Ouest et a fait près de 9 000 morts en un an.

Article rédigé par Florian Delafoi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des membres de la Croix-Rouge transportent le corps d'une victime d'Ebola lors de ses funérailles, à Monrovia (Liberia), le 5 janvier 2015. (ZOOM DOSSO / AFP)

L’épidémie d’Ebola semble être à un tournant. Le nombre de personnes contaminées a chuté au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone, les trois pays les plus touchés par le virus, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le Liberia serait même sur le point de gagner sa bataille contre l’épidémie qui a fait près de 9 000 morts depuis sa réapparition en décembre 2013. Le gouvernement libérien a annoncé, samedi 24 janvier, que le pays ne comptait plus que cinq cas confirmés d’Ebola. Plus au nord, le Mali assure avoir mis fin à l’épidémie meurtrière le 18 janvier.

"Si cette tendance se confirme, cela suggère que nous avons passé un cap et que l’épidémie est sur une pente descendante", se satisfait le docteur David Nabarro, coordinateur de l’ONU pour la lutte contre Ebola. Le virus pourrait être définitivement vaincu fin 2015, d’après les prévisions de l’organisation internationale. La lutte contre Ebola est-elle définitivement sur la bonne voie ?

Oui, il y a une nette baisse des personnes contaminées

L’épidémie, qui sévit surtout en Afrique de l’Ouest, a fait 8 600 morts en un peu plus d’un an. Le bilan final pourrait être plus lourd, certaines victimes n'étant probablement pas encore répertoriées dans le décompte officiel. Mais la diminution globale du nombre de nouveaux cas laisse bien penser que cette catastrophe humanitaire est en passe d’être maîtrisée, notamment grâce à l’aide internationale apportée aux trois pays les plus touchés.

Au Liberia, la fièvre hémorragique a frappé 8 331 personnes, dont 3 062 sont mortes. Les autorités se montrent aujourd’hui optimistes. Il ne reste plus que cinq cas confirmés. "Cela signifie que nous allons arriver à zéro cas si tout se passe bien, si d’autres personnes ne tombent pas malades ailleurs", se félicite Tolbert Nyensuwah, le vice-ministre de la Santé du pays.

Le combat contre Ebola est plus rude en Guinée et en Sierra Leone. La baisse du nombre de cas y est moins spectaculaire, selon le bulletin de l’OMS publié en janvier. La Sierra Leone, après avoir connu un pic de 1 455 cas, compte 769 personnes contaminées. "En mai 2014, on était à dix jours de la fin de l’épidémie en Sierra Leone. Mais il y a eu un rebond avec des centaines de décès. Il faut donc être très prudent", tempère Stéphane Roques, directeur général de Médecins sans frontières (MSF), interrogé par francetv info. En Guinée, le nombre de cas confirmés d’Ebola est seulement passé de 374, au plus fort de l’épidémie, à 230 en janvier.

Oui, des traitements prometteurs sont testés sur place

L’aide médicale a tardé à être déployée dans les zones les plus touchées au début de l’épidémie. Ce retard, reconnu par l’OMS lors d'une réunion organisée dimanche 25 janvier, est peut-être en passe d'être rattrapé. "A la fin 2014, il y a eu une accélération du processus de mise sur le marché de vaccins. Trois pistes thérapeutiques et deux pistes vaccinales sont testées sur le terrain, mais l’opération n’est pas terminée", explique Stéphane Roques.

Ces différents traitements, testés sur les personnes à risques, doivent encore faire leurs preuves. "Aujourd’hui, rien ne permet de savoir si les vaccins seront efficaces. L’un des antiviraux présente des résultats encourageants lorsqu’il est pris dans de bonnes conditions et au bon moment. Mais on est encore à un stade préliminaire, les premiers résultats seront disponibles dans quelques semaines", ajoute le directeur général de MSF.

Oui, le réseau de soins est désormais suffisant

Les structures d’accueil se sont multipliées pour accueillir les malades. Les trois pays concernés sont suffisamment dotés en lits pour isoler les patients à l’hôpital. Il y aurait deux lits pour un cas confirmé ou probable. "Il y a assez de bâtiments construits et de structures mobiles pour intervenir rapidement lorsque de nouveaux cas sont détectés. Si la tendance à la baisse se confirme, il n’y aura pas besoin de renforts supplémentaires", assure Stéphane Roques.  

La sensibilisation auprès des populations a aussi porté ses fruits. "Beaucoup d'équipes sont sur place pour rassurer les habitants. Au plus fort de l'épidémie, les populations étaient débordées, mais il est désormais plus facile d'expliquer les risques." Ce travail de longue haleine a permis de diminuer les pratiques à risques, comme la toilette mortuaire effectuée par les proches des victimes. Pour sécuriser les enterrements, l'ONU a d'ailleurs mobilisé 254 équipes sur le terrain.

Mais l'épidémie reste imprévisible

Si les derniers bilans sont rassurants, les équipes sur place insistent sur l'importance de maintenir l'effort pour éviter toute reprise de l'épidémie. Stéphane Roques se montre très prudent face aux prévisions de l'ONU, qui table sur une fin de l'épidémie en 2015. "Il n'existe aucun modèle prédictif qui s'est révélé assez fin. Même si on peut espérer un arrêt de la maladie dans les prochains mois, tous les acteurs mobilisés contre ce virus ont du mal à comprendre la dynamique de l'épidémie", avoue-t-il. 

La réactivité des équipes médicales et la transmission des informations entre les pays est la clé de la lutte contre Ebola. Or la communication entre les Etats n'est pas optimale, alors même que les passages d'individus aux frontières sont nombreux. En outre, "les systèmes de santé sont très fortement atteints. Un grand nombre de professionnels de santé ont perdu la vie durant cette épidémie." La reconstruction des infrastructures médicales est désormais la priorité absolue. 

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