Drones, tests ADN, destruction d'ivoire… Cinq idées pour combattre le braconnage
A l'occasion de la conférence internationale sur le trafic illégal d'animaux, tour d'horizon des stratégies employées pour éviter les massacres de tigres ou d'éléphants.
Eléphants empoisonnés au cyanure au Zimbabwe, dizaines de kilos d'écailles de pangolin saisis, photos de rhinocéros mutilés... Le braconnage est désormais le quatrième marché illégal au monde, juste derrière le trafic de stupéfiants, la traite d'êtres humains et la contrefaçon, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF)*.
La conférence internationale qui s'ouvre mercredi 12 février à Londres entend alerter sur le trafic illégal d'animaux et trouver des solutions pour protéger les espèces menacées par le braconnage. Des méthodes fleurissent déjà dans les pays concernés pour lutter contre les chasseurs illégaux, en premier lieu en Asie et en Afrique subsaharienne. Tour d'horizon.
La plus discrète : utiliser des drones
Ils surveillent, en silence, le sol depuis les airs. Les drones s'avèrent très utiles pour surveiller les groupes d'animaux et repérer ceux qui les pourchassent. "Ils filment le sol (...) et peuvent voler en suivant un circuit programmé sur environ 28 km, à 198 mètres de hauteur et pendant 50 minutes", détaille le WWF*. Leur batterie se recharge en une demi-heure, leur caméra peut filmer en infrarouge et, surtout, ces planeurs d'un nouveau genre ne sont pas chers et sont donc accessibles aux pays les plus pauvres.
Le Fonds a fourni deux drones Raptor au Népal, fin 2012. D'après ce reportage d'Al Jazeera*, la stratégie paie : seuls deux rhinocéros ont depuis été abattus par les braconniers, lesquels se font plus rares. Depuis, la méthode est également testée en Afrique du Sud pour protéger les troupeaux de rhinocéros noirs, raconte le Telegraph*.
A défaut de drones, les autorités des pays concernés ont parfois recours à des avions sophistiqués et silencieux à caméra thermique, permettant de localiser troupeaux et braconniers. C'est le cas dans le parc national Kruger, en Afrique du Sud, relève l'agence Reuters*.
La plus invasive : suivre les animaux à la trace
Face aux braconniers, le Kenya a décidé d'implanter des puces électroniques dans les cornes de quelque 1 000 rhinocéros. Le système, coûteux, permettra aux enquêteurs "de lier tout cas de braconnage à des cornes retrouvées ou confisquées", précise le Kenya Wildlife Service (KWS), l'organisme de protection de la faune et de la flore. Les autorités estiment que les preuves seront plus facilement mises à disposition de l'accusation en cas de procès.
Les expertises ADN sont aussi "une arme redoutable" pour combattre le braconnage et sont une preuve supplémentaire, affirme le National Geographic*. Elles permettent d'identifier la provenance des cornes ou défenses saisies par les douanes, de lier des suspects à des crimes et d'obtenir des informations sur les méthodes des braconniers.
Des analyses menées sur des lots saisis à Singapour, à Hong Kong, à Taïwan et au Japon ont ainsi montré qu'à chaque fois, l'ivoire provient d'un troupeau particulier et non de sources diverses. Une fois identifiés, les groupes d'animaux peuvent ensuite être mieux protégés par les autorités locales.
La plus participative : télécharger une application
Si vous voulez, vous aussi, prendre part à la lutte contre le braconnage, téléchargez l'application gratuite InstantWild*. Ce projet, lancé par la société zoologique de Londres (ZSL), repose sur les images capturées par des caméras placées dans huit régions du monde, dont le bush kenyan ou la jungle indonésienne. Celles-ci se déclenchent au moindre mouvement et retransmettent les images en quasi direct, via satellite.
Grâce à elles, les utilisateurs peuvent identifier les animaux observés en un clic et en se basant sur le guide d'identification fourni par l'application, explique le magazine Wired*. Quel rôle dans la lutte contre le commerce illégal ? Comme l'explique, sur son site*, la société qui a travaillé sur le projet, l'application permet d'alerter en cas de braconnage et fournit des preuves judiciaires en cas de poursuites.
La plus "Big Brother" : détecter les armes
Attention, la jungle a des yeux. C'est en substance le message envoyé aux braconniers par les autorités du parc de Nouabalé-Ndoki, en République du Congo. Depuis 2007, un dispositif high tech, appelé TrailGuard, vient compléter le travail des rangers chargés de surveiller les 4 200 km² de forêt tropicale, rapporte The Economist*.
Caché dans les arbres ou dans le sol, au bord des pistes, ce système électronique permet de détecter la présence de métaux et donc d'armes. Dès qu'un braconnier sort son fusil ou sa machette, un signal est ainsi envoyé via des antennes-relais aux rangers, qui peuvent alors intercepter les chasseurs.
De nombreux parcs nationaux ont adopté cet outil. Le Costa Rica l'utilise pour protéger les oiseaux exotiques et les jaguars. Les autorités du Shavla Wildlife Refuge, situé dans l'Altaï russe, songent aussi à installer ces détecteurs afin de surveiller les dernières populations de léopards des neiges, chassés pour leur fourrure.
La plus radicale : réduire l'ivoire en poussière
C'est ce qu'a fait la France, la semaine passée. Pour la première fois, trois tonnes d'ivoire illégal, issues de saisies douanières, ont été broyées, en public, près de la tour Eiffel. La poussière des 698 défenses d'éléphants brutes ou travaillées et des 15 357 objets divers (bijoux, statuettes, etc.) a ensuite été brûlée pour destruction complète.
Cette opération, également menée en Chine, aux Etats-Unis ou encore aux Philippines, vise à sensibiliser l'opinion publique et surtout envoyer un message aux trafiquants. Ce trafic "n'a pas de valeur", a ainsi insisté le ministre de l'Ecologie, Philippe Martin.
Des politiques, encore plus redoutables, ont été mises en place pour combattre les braconniers, note le site de la chaîne CBS News*. Ainsi, en Inde, où les tigres sont pourchassés, l'Etat a récemment autorisé les gardes forestiers à tirer à vue sur les braconniers. La guerre est déclarée.
* Tous les liens de cet article sont en anglais
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.