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Zimbabwe : le décès à 66 ans de la star de l'afro-jazz Oliver Mtukudzi plonge le pays dans le chagrin

Affectueusement surnommé "Tuku" par son public, Oliver Mtukudzi a composé près de 70 albums. Guitariste autodidacte, l'artiste prolifique figurait dans le top 10 des musiciens africains les plus "bankables" (comprendre : valeur sûre), selon un classement du magazine américain "Forbes" réalisé en 2017.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Oliver Mtukudzi donne un récital à l'occasion des obsèques d'une autre légende du jazz, le Sud-Africain Hugh Masekela, le 28 janvier 2018 à Soweto. (WIKUS DE WET / AFP)

C'est la ministre zimbabwéenne de l'Information, Monica Mutsvangwa, qui a annoncé le décès de l'artiste dans un hôpital de la capitale Harare, le 23 janvier 2019. "Nous avons perdu une icône", a aussitôt tweeté le député Temba Mliswa, élu de la circonscription où le musicien avait ouvert une école de musique," j'écris au président pour qu'il en fasse un héros national pour sa contribution à l'industrie de la musique, des arts et de la culture."

"Fier d'être zimbabwéen"

Sans savoir encore si le pouvoir accèdera à cette demande, la classe politique a en tout cas momentanément mis de côté les querelles pour rendre hommage à l'artiste, alors que la situation sociale est très tendue à travers tout le pays après l'annonce de la hausse du prix de l'essence. 

"Repose en paix Oliver MtukudziSi quelqu'un m'a jamais rendu fier d'être #zimbabwéen, c'est bien toi. Merci de nous avoir fait plaisir si longtemps, en particulier pendant les jours les plus sombres", a écrit le sénateur de l'opposition David Coltart.

Mtukudzi a commencé à se produire en 1977 avec Thomas Mapfumo, un autre artiste à succès dont la musique de protestation reste populaire aujourd'hui.

Une pique envers Robert Mugabe ?

Avec sa voix enrouée, Tuku a gagné un large public à travers l’Afrique et au-delà. La plupart du temps, il évitait les sujets politiques dans ses chansons et préférait évoquer les difficultés de la vie quotidienne. Mais en 2001, sa chanson Wasakara, qu'on a pu traduire par You are old (Vous êtes vieux), extraite de l'album Bvuma (Tolérance), classé au palmarès des charts, a été interprétée par beaucoup comme faisant référence à Robert Mugabe, alors autoritaire président du Zimbabwe à 77 ans. 

En mars 2003, Mtukudzi a fait la couverture du magazine Time intitulée The People's Voice, qui mettait en avant les musiciens du pays chantant pour le changement. Sa musique a traversé des générations, et plus tard, il a chanté des duos avec de jeunes musiciens, dont certains formés dans son centre artistique de Norton, près de Harare.

L'hommage d'une ministre sud-africaine

Il a produit des chansons avec le groupe sud-africain Black Mambazo ainsi qu'avec Hugh Masekela, le trompettiste et chanteur connu comme le "père du jazz sud-africain", qui a utilisé sa musique dans la lutte contre l'apartheid et est décédé en 2018.

"Depuis les profondeurs de Harare, sa carrière s'est épanouie comme une fleur de lys de flamme et son génie artistique nous a réunis dans les bons moments et nous a redonné espoir au moment des heures les plus sombres", a tweeté Nathi Mthethwa, ministre des Arts et de la Culture d'Afrique du Sud.

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